Bosnie-Herzégovine : des migrants abandonnés en zone de démarcation

Le 19 août 2020, en raison de la crise sanitaire mondiale, les dirigeants du canton bosnien d’Una-Sana (Fédération croato-musulmane – FBiH) prenaient la décision de restreindre drastiquement le droit de circuler librement des réfugiés et migrants sur son territoire.

En conséquence, depuis le 21 août, de nombreux migrants d’origine pakistanaise ne trouvant pas d’hébergement dans des centres d’accueil officiels permettant leur contrôle sanitaire (notamment dans le camp de réfugiés Lipa au sud de Bihać) ont été raccompagnés en bus jusqu’à la ligne de démarcation séparant ce canton de la République serbe de Bosnie (RS). Ce sont les effectifs de la police de Bihać (canton d’Una-Sana – USK) qui ont effectué ces opérations, dénoncées par Amnesty International.

Depuis, les migrants se maintiennent entre les villes de Bosanska Krupa (FBiH) et Novi Grad (RS). Ils se dissimulent dans les champs de maïs et dans les forêts à côté de l’autoroute, ce qui rend presque impossible l’évaluation de cette présence dispersée, jugée indésirable par les autorités locales. Ces réfugiés souhaiteraient être pris en charge et mis temporairement à l’abri, probablement dans le camp de Lipa, le temps pour eux de reprendre des forces avant de poursuivre leur route vers l’Union européenne.

Pour l’heure, ils sont pris au piège sur cette petite portion du territoire bosnien. Des milices auraient dressé des barrages pour empêcher leur retour et les raccompagnements sont quasi quotidiens, ce qui inquiète les populations locales qui craignent des tensions.

Dans ce contexte, des manifestations soutenues par le Premier ministre du canton de Sarajevo, Mustafa Ružnić, et le maire de Bihać, Šuhret Fazlić, ont été organisées dans la région au cours des derniers jours. L’objectif est de sensibiliser les autorités fédérales à la situation qui empire de jour en jour et fait craindre une catastrophe humanitaire, les migrants n’étant « sous la juridiction de personne », comme le note M. Ružnić.

Sources : RTRS, WDR, N1, Slobodna Bosna, IBALKAN, Agence Anadolu, Amnesty International, Info Migrants.