Bosnie-Herzégovine : l’avenir des Bosniens lié à la déconstruction de l’accord de Dayton ?

Par Stéphan Altasserre (sources : Slobodna Bosna, Global CIR)

Naša stranka (NS, Notre parti) est un parti politique bosnien de tendance social-libérale et multiethnique, fondé en 2008 par Bojan Bajić, un ancien membre du SDP (Socijaldemokratska Partija/Parti social-démocrate) avec pour programme de lutter contre la domination des partis nationaux. Il compte dans ses rangs quelques célébrités, à l’instar du réalisateur et scénariste Danis Tanović, ce qui contribue fortement à sa visibilité urbaine. Malgré cet avantage, les résultats des élections générales de 2010 se sont avérés décevants pour NS (qui a obtenu moins de 1,2% des votes). Cet échec fut la cause de la démission du président du Conseil de surveillance B.Bajić.

En juin 2017, sous le slogan «Zato jer vjerujemo u bolju Bosnu i Hercegovinu» («Parce que nous croyons en une meilleure Bosnie-Herzégovine»), les militants de NS ont entamé une nouvelle campagne prônant une «troisième voie» non nationaliste (ni serbe, ni bosniaque) pour rassembler les Sarajéviens. Ils ont également installé des points d’information dans les municipalités de Vogošća et Ilidža (à dominante SDA, le Parti de l’action démocratique), situées dans la proche banlieue de la capitale. Les citoyens y ont été sondés sur un éventuel rattachement de ces municipalités à la ville de Sarajevo. Selon Predrag Kojović, le président de NS, ses concitoyens «ont réagi très positivement à l’initiative». Le militant explique cela par une prise de conscience générale des habitants: les nationalismes font obstacle à la réconciliation des habitants de Bosnie-Herzégovine depuis la guerre (1992-1995) et entravent l’émergence d’une véritable citoyenneté bosnienne, englobant la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la Republika Srpska.

La plupart des autres partis parlementaires ne sont pas sur la même ligne idéologique. Pour eux, depuis l’accord de Dayton qui a mis fin au conflit en Bosnie le 14 décembre 1995, la sélection directe se fait en partie à partir de critères ethniques, notamment en ce qui concerne l’élection des membres de la Présidence centrale. Ceci incite les partis à conserver un positionnement nationaliste pro-serbe, pro-croate ou pro-bosniaque. C’est d’ailleurs pour cela que P.Kojović a déclaré récemment que l’initiative entreprise lors de la campagne de NS est un point de départ symbolique de déconstruction de l’accord de Dayton, de manière rationnelle et systématique, à partir de Sarajevo.