Bosnie-Herzégovine : les arguments du camp bosno-serbe contre l’intégration à l’OTAN

La Bosnie-Herzégovine (BiH) aspire à intégrer l’OTAN et Washington la soutient dans ce long processus. Mais la majorité gouvernementale de la République serbe de Bosnie (Republika Srpska/RS) et son ancien président Milorad Dodik, proche de Belgrade et de Moscou, désormais président du collège présidentiel de Bosnie-Herzégovine, se montrent plutôt opposés à ce projet stratégique. Dans sa nouvelle position, M. Dodik, pourtant connu pour son discours populiste, préfère mesurer ses propos et envoie ses proches en première ligne pour communiquer à sa place.

Le 11 février 2019, deux soutiens de Milorad Dodik sont intervenus dans l'émission « Na nišanu Lazanskog » sur Sputnik Srbija, média financé par Moscou, afin d'évoquer leur « décryptage » des enjeux de cette possible intégration. Il s’agissait de Srdjan Perišić, conseiller du président M. Dodik, et du politologue Aleksandar Pavić.

S. Perišić a mis en garde les Bosniens contre trois « pièges » qui seraient tendus à la RS lors du transfert de compétences entre Banja Luka et Sarajevo, découlant de l'intégration à l'OTAN. Le premier est la réforme de la police, qui placera le ministère de l’Intérieur de RS sous l'autorité de Sarajevo, privant ainsi la collectivité territoriale bosno-serbe d’une partie de son autonomie. Le deuxième piège est la fusion des corps de la protection civile des différentes entités bosniennes au profit de l’État fédéral, qui, elle aussi, fera perdre une partie de ses prérogatives à Banja Luka. Enfin, le conseiller de M. Dodik redoute l'alignement de la « loi sur les victimes civiles de la guerre et de la torture » adoptée en RS sur la législation bosnienne ; cette réforme pourrait favoriser l’expression de nouvelles accusations à l’encontre de l’entité bosno-serbe et rouvrir certaines blessures datant de la guerre de Bosnie (1992-1995).

S. Perišić a en outre confirmé que M. Dodik était actuellement soumis à de fortes pressions émanant de Washington pour que la RS rentre dans le rang et que la BiH rejoigne l'OTAN, des méthodes que A. Pavić a qualifiées de « nouvelle politique impérialiste américaine ».

Ces interventions ont été largement reprises dans la presse locale, donnant une large portée aux arguments avancés par les dirigeants bosno-serbes, proches de Moscou. Le même jour, S. Perišić a également repris son argumentation contre l’intégration de la BiH à l’OTAN à l’occasion d’une interview accordée à l’émission « Dobro jutro sa Djukom » (TV KCN) diffusée sur Youtube. Il s’agissait là de toucher l'électorat bosno-serbe conservateur, principal soutien de M. Dodik.

Sources : Slobodna Bosna, Sputnik Srbija, Kurir, TV KCN.