Bulgarie : une enquête rapide pour élucider l’homicide de la journaliste Victoria Marinova

Le 6 octobre 2018, le corps sans vie de la journaliste Victoria Marinova, directrice administrative de TVN à Roussé, était découvert dans une allée proche du Danube de cette ville du nord-est de la Bulgarie. Revêtue de sa tenue de sport, elle était manifestement partie faire son jogging habituel quelques heures plus tôt. L'autopsie a permis d'apprendre que la victime avait reçu des coups et avait été violée avant de décéder par suffocation : la piste d'un homicide a dès lors été privilégiée par les enquêteurs.

Les théories complotistes se sont toutefois multipliées, car la journaliste enquêtait sur des réseaux de corruption. Ainsi, la revue d’investigation Bivol a évoqué une possible « exécution ». La médiatisation de l'affaire, avec de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux (#JusticeForVictoria) et dans le milieu journalistique qui, se sentant visé, a demandé une protection policière pour la corporation, a invité les autorités bulgares à s'engager sur l’obtention d’une identification et de l’arrestation rapide du coupable. Plusieurs personnes ont d’ailleurs été interpellées et interrogées, mais toutes ont été aussitôt libérées, sans suite judiciaire.

Or, le 9 octobre, Severin Krasimirov a été arrêté à Hambourg dans le cadre de la poursuite de l’enquête pour homicide et de l’application d’un mandat d’arrêt européen. Soupçonné par la police bulgare d'avoir commis le meurtre, ce jeune homme de 21 ans avait quitté la Bulgarie le 7 octobre. Plusieurs éléments ont conduit les enquêteurs à privilégier cette piste, notamment le fait que S. Krasimirov, originaire de Roussé, vivait jusqu'à sa fuite dans le quartier rom de Trakia, proche du lieu où le corps sans vie de Victoria Marinova a été retrouvé.

Le 10 octobre, lors d'un briefing en Conseil des ministres, le procureur général Sotir Tsatsarov et le ministre de l'Intérieur Mladen Marinov ont annoncé que le profil ADN de S. Krasimirov coïncidait parfaitement avec celui prélevé sur le corps et les vêtements de la victime. Ils ont ajouté que le suspect avait avoué être l'auteur des faits. D'après les premiers éléments de l'enquête, il semble qu'il était en état d'ivresse lorsqu'il a tué la journaliste : il s'agirait donc d'une agression non préméditée.

S. Krasimirov a aussitôt été écroué pour meurtre et la justice allemande l'a extradé vers la Bulgarie le 17 octobre. Le 19,  il a comparu à Roussé devant le juge chargé de l’affaire auprès duquel il a réitéré ses aveux. Le même jour, il s’est entretenu avec des journalistes et leur a indiqué qu’il ne ferait pas appel de sa future condamnation, quelle qu'elle soit. Très affecté par le drame, le compagnon de la journaliste a déclaré à la presse bulgare qu'il espérait une réponse ferme de la justice, à savoir l’application de la peine de prison maximale (30 ans).

Sources : Nova TV, 24 časa, Dnevnik, Mediapool, Darik.