Dans six mois, naissance de la Macédoine du Nord ?

Par Stéphan Altasserre (sources : Nova Makedonia, 24 MK))

Depuis 1991, le nom géographique «Macédoine» fait débat et empoisonne les relations entre la Grèce et l’ARYM (Ancienne République yougoslave de Macédoine) qui revendiquent le patrimoine historique de la Macédoine antique. Le 17 mai 2018, lors du Sommet UE-Balkans occidentaux organisé à Sofia, après d’âpres négociations, les Premiers ministres Zoran Zaev (ARYM) et Alexis Tsipras (Grèce) ont annoncé qu’ils avaient assoupli leurs positions respectives et qu’une option acceptable pour les deux parties était en cours d’étude. Ils ont donc respecté leur engagement préalable de trouver un accord définitif d’ici la mi-juin.

Après avoir multiplié les échanges, ce dimanche 17 juin 2018, les ministres des Affaires étrangères des deux pays voisins (le Grec Nikos Kotzias et le Macédonien Nikola Dimitrov) ont finalisé et signé dans la foulée le projet d’accord à Psarádes (Grèce), à proximité de la frontière greco-macédonienne: in fine, l’ARYM sera rebaptisée République de Macédoine du Nord. Eu égard à l’importance de l’événement, les chefs des deux gouvernements, le négociateur Matthew Nimetz représentant les Nations Unies et la diplomate Federica Mogherini pour l’Union européenne ont assisté à cette entente historique, dont ils se sont félicité et qui aura manifestement pour corollaire l’amélioration progressive des relations entre les deux pays voisins.

L’ARYM sort grand gagnant de cet accord, car non seulement Skopje conserve le nom usuel de «Macédoine» mais, avec le soutien d’Athènes, peut désormais reprendre sereinement ses démarches en vue de son intégration à l’OTAN et d’une future adhésion à l’Union européenne. Il faudra cependant que le Parlement et le peuple macédoniens (par référendum) approuvent cet accord pour qu’il puisse entrer en vigueur dès la fin de 2018. De son côté, Alexis Tsipras a payé cet accord avec la défection, dès le 16 juin, d’un des députés de la coalition qui l’a porté au pouvoir et il essuie depuis les nombreuses attaques des mouvances nationalistes grecques. Le mouvement Nouvelle Démocratie (parti conservateur) s’est montré particulièrement critique sur l’initiative prise par le Premier ministre grec.