Estonie : la Présidente rappelle qu’il n’existe pas de code génétique bleu-noir-blanc

Par Céline Bayou (sources : President.ee, The Baltic Times, LETA)

Lors de son discours inaugural de la session parlementaire, le 11 septembre 2017, la présidente estonienne Kersti Kaljulaid s’est adressée avec fermeté aux députés et s’en est pris, notamment, à ceux d’entre eux qui ont pu se livrer à des remarques racistes.

Exprimant son respect pour l’engagement démocratique des députés et leur capacité à défendre leurs idées, notant que les solutions qu’ils proposent, sans être parfaites, correspondent généralement aux meilleurs compromis socialement acceptables, elle a remarqué que parmi les membres du Riigikogu, certains ont pu et peuvent, soit intentionnellement, soit par stupidité ou manque de prudence, contribuer à dégrader l’image de la classe politique en Estonie.

«Nous n’avons pas besoin de fouiller loin dans nos mémoires pour nous rappeler des cas de violation de la loi ou des déclarations racistes.» Et de citer également ces séquences importantes où les partis politiques font campagne (des élections locales se tiendront dans le pays le 15 octobre prochain) et, pour cela, utilisent des fonds publics, laissant les citoyens perplexes: d’où vient cet argent et où disparaît-il?

Insistant sur la question de la xénophobie, la Présidente a dénié à qui que ce soit le droit de monopoliser la fierté d’être Estonien: «Personne ne doit demander à ce que nous abandonnions nos libertés pour devenir plus bleu-noir-blanc [couleurs du drapeau estonien]. Personne ne devrait rendre qui que ce soit coupable ou considérer qui que ce soit inutile parce qu’il n’a pas passé sa vie adulte à penser à comment faire pour qu’il y ait plus d’Estoniens purs sous le drapeau bleu-noir-blanc. Nos concitoyens dont les racines culturelles ou linguistiques sont différentes ne doivent pas être considérés comme moins dignes de figurer sous le drapeau bleu-noir-blanc. La culture et la langue peuvent être apprises et acquises, que ce soit à la maison, dans les crèches ou à l’école. Il n’existe pas de code génétique bleu-noir-blanc . Il existe une langue estonienne, une culture, des coutumes, des traditions et des habitudes estoniennes. Et, finalement, également nos lois et leur application, ainsi qu’un pouvoir judiciaire indépendant, qui est en droit d’attendre de cette chambre un soutien à cette indépendance.»