Estonie : pressée d’accueillir de nouvelles forces de l’Otan

Par Céline Bayou (sources : The Baltic Times, Nato.int, BBC, Estonian National Television, Sputnik)

Le Premier ministre estonien, Taavi Rõivas, a déclaré le 13 février 2015 lors d’un échange avec le Commandant suprême des forces alliées en Europe, Philip Breedlove, que son pays était prêt à accueillir des forces supplémentaires de l’Otan sur son sol. Les deux hommes se sont rencontrés pour discuter de la sécurité dans la région nordico-baltique et évoquer la mise en œuvre des décisions adoptées lors du Sommet de l’Otan en septembre 2014.

Le chef du gouvernement estonien a tenu à remercier le Général Breedlove pour la réaction rapide de l’Otan à l’égard de la région dans le contexte de l’agression russe en Ukraine qui, selon lui, a radicalement changé la donne sécuritaire sur l’ensemble du continent européen. Les deux hommes ont évoqué notamment l’accroissement envisagé de la présence alliée en Estonie. Cet accroissement est subordonné à l’engagement estonien de consacrer au moins 40 millions d’euros pour augmenter les capacités d’accueil (logements, entrepôts) du pays, ainsi que ses capacités de formation. Décision sera prise en ce sens en Estonie le 19 février 2015. Dès lors, l’Organisation atlantique pourra, elle, s’engager à envoyer des troupes et des équipements (dont équipements lourds).

La question porte notamment sur le futur centre de commandement qui doit être ouvert très prochainement en Estonie (de tels centres doivent être installés également en Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie et Roumanie). Le ministre estonien de la Défense, Sven Mikser, affirme que tout est prêt pour pouvoir l’ouvrir dès la semaine prochaine. Ce centre de commandement, comme les autres, doit consister en un mix de troupes estoniennes et de l’Otan. Son ouverture imminente a évidemment suscité une réponse de la part de la Russie, dont l’ambassadeur auprès de l’Alliance, Alexandre Grouchko, a prévenu des changements «adéquats» à attendre en retour de la part de son pays en matière de planification militaire: la décision d’ouvrir ces centres aux frontières de la Russie «crée un grand risque» pour cette dernière. Dès lors, la Baltique pourrait, selon lui, devenir une région de confrontation militaire.

Dans le cadre des actions de réassurance lancées par l’Otan à l’égard de l’est de l’Europe lors du sommet du pays de Galles de l’automne 2014, les alliés ont décidé de créer un élément nouveau au sein de la Force de réaction de l’Otan (NRF), à savoir une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) apte à se déployer très rapidement et comportant des éléments terrestres, aériens, maritimes et d’opérations spéciales. Le Royaume-Uni y est fortement engagé, notamment en Estonie qui va héberger sur la base d’Ämari des avions de chasse Typhoon. Ceux-ci sont destinés à assurer la police du ciel dans les États baltes, où l’Otan a procédé à plus d’une centaine d’interceptions au cours de la seule année 2014, soit trois fois plus qu’en 2013.