Kaliningrad : Développement des liaisons directes par ferry avec le reste de la Russie

Par Céline Bayou (sources : government.ru, Vzgliad, gorod.lv)

Les relations entre la Russie et la Lituanie n’étant pas au beau fixe, la Russie poursuit activement sa politique de désenclavement de l’oblast de Kaliningrad. Or la majorité des biens venant de «Russie continentale» et destinés à l’enclave sont pour le moment acheminés par voie ferroviaire, en traversant la Lituanie et la Biélorussie.

Un décret a donc été adopté le 13 juin 2017, sur proposition du ministère russe des Transports, prévoyant de développer l’accessibilité de l’enclave en privilégiant les liaisons par ferry. Trois lignes de ferry avec transbordement vont être modernisées entre Baltiïsk et Oust-Louga, l’avant-port construit au début des années 2000 à l’ouest de Saint-Pétersbourg. Il s’agira de détourner le trafic ferroviaire vers cette liaison directe et mettant à niveau et en renforçant la ligne maritime. La construction des ferries devrait s’achever en 2020 et sera financée en partie sur le budget fédéral, en partie par un emprunt.

Selon le journal Vzgliad, cette décision a été prise en réaction à l’attitude jugée «russophobe» de la Lituanie. Plus largement, elle s’inscrit dans une politique globale de la Russie qui cherche à éviter tout pays de transit pour faire circuler ses marchandises. Les travaux d’infrastructures sont nombreux dans la région et au-delà. Force est toutefois de noter, et le message fut clairement délivré par le Président russe lors de sa «Ligne directe» du 15 juin, que Vladimir Poutine souhaite renforcer les plans de contournement à travers tout le pays et renforcer les liens entre entités russes. Il a ainsi évoqué la liaison entre Sakhaline et le continent, envisageant un pont ou un tunnel.

Ce n’est donc pas un hasard si la revigoration de la liaison Baltiïsk – Oust-Louga est annoncée à ce moment précis. Il s’agit assez clairement de «punir» Vilnius dont la rhétorique anti-russe est jugée «agressive» par le Kremlin. Notamment, la décision adoptée par le Parlement lituanien, décrétant très récemment que la future centrale nucléaire biélorusse d’Astravets (construite par la Russie à une cinquantaine de kilomètres de Vilnius) est une «menace pour la sécurité nationale» ou le périscope offert à titre personnel par la présidente lituanienne Dalia Grybauskaitė à l’armée ukrainienne, ont été très critiqués à Moscou.