La création d’un mini-Schengen russo-bélarusse n’est pas pour demain

Par Céline Bayou (sources : Kommersant, Rossiïskaïa Gazeta)

Aux termes du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé par la Russie et le Bélarus en 1995, la frontière entre les deux pays est «ouverte», Moscou et Minsk s’étant accordés pour n’exercer des contrôles que sur leurs frontières extérieures. Les citoyens russes et bélarusses peuvent donc aller et venir dans les deux pays sans visa. Ceux de pays tiers doivent pouvoir se déplacer «conformément aux accords entre les deux pays», l’objectif étant d’aboutir à une reconnaissance mutuelle des visas.

Jusqu’à l’automne 2016, cette reconnaissance a été implicite. Mais, en septembre, un car de touristes autrichiens a pourtant été arrêté à la frontière par la Russie, alors qu’il effectuait un tour Minsk-Smolensk-Minsk. Ce rétropédalage a été justifié ex-post par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, expliquant que «la situation internationale a changé radicalement», avec la crise européenne des migrants et la menace terroriste. Depuis le 15 mai 2017, tous les passagers de vols entre les deux pays sont orientés, côté russe, vers les zones internationales des aéroports, ce qui permet de traiter les cas des ressortissants de pays tiers. Les citoyens de l’Union russo-bélarusse continuent de passer le contrôle avec leur simple passeport intérieur mais en zone internationale.

Or, le ministère russe des Affaires étrangères vient de faire savoir qu’il aurait de bons espoirs de voir d’ici la fin 2017 signer un authentique accord mutuel de reconnaissance des visas. Le Bélarus semble plus circonspect, puisque le président Alexandre Loukachenko a récemment déclaré que Moscou et Minsk s’éloignaient actuellement des acquis en la matière, et déconcé notamment la décision de la Russie de ne permettre aux ressortissants d’États tiers de pénétrer sur son territoire que via quelques points de passage internationaux. Il a également critiqué les tracasseries imposées par les douaniers russes qui n’hésitent pas à bloquer des marchandises à cette frontière intérieure. Autant de manifestations d’un patent manque de confiance à l’égard du Bélarus, estime son Président.

De part et d’autre, on dit attendre avec impatience un accord bilatéral sur la reconnaissance des visas mais personne n’est dupe: la création d’un mini-Schengen russo-bélarusse, tel qu’évoqué en 2015 par le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, n’est pas pour demain.