Lettonie : ici et là-bas, la valeur des émigrés

Par Céline Bayou (sources : Delfi.lv, Banque de Lettonie, TV5)

Un sondage récent réalisé par l’institut TNS montre qu’un habitant de Lettonie sur quatre serait prêt à quitter le pays pour trouver du travail à l’étranger. Parmi ceux qui sont déjà partis, la part des jeunes est deux fois plus élevée que dans les autres pays européens.

Par ailleurs, selon les calculs des experts, en 2014, les Lettons qui travaillent à l’étranger ont fait rentrer en Lettonie 595 millions d’euros. La tendance se confirme dans son rythme en 2015 et la Banque de Lettonie table sur un apport équivalent à 2,5% du PIB. Ces chiffres viennent battre en brèche les critiques de certains qui, en Lettonie, dénoncent l’aide fournie par l’État à la diaspora: «Nous entendons des reproches au sujet du fait que la Lettonie ne devrait pas ponctionner le budget pour soutenir la diaspora. C’est-à-dire pour l’apprentissage de la langue, le maintien des racines culturelles et d’autres initiatives. Le fait que la diaspora contribue elle aussi au budget de l’État est un contre-argument intéressant. Et nous voulons en savoir plus à ce sujet», a noté Ilmārs Latkovskis, président de la Commission parlementaire pour la citoyenneté, les migrations et la cohésion de la société.

Une étude réalisée en 2014 par les autorités lettones auprès de 2.251 ressortissants du pays vivant à l’étranger a montré que 33% se trouvaient hors des frontières de Lettonie depuis moins de 2 ans, 29% depuis 2 à 4 ans, 20% depuis 4 à 7 ans et 18% depuis plus de 7 ans. Le gouvernement a lancé un programme de migration de retour intitulé Travail dans l’administration publique; 50 des 143 offres qui ont suscité des réponses de jeunes Lettons vivant à l’étranger ont été adressées depuis la Grande-Bretagne (le reste est venu des Pays-Bas, du Danemark, de France et des États-Unis). Le bon accueil réservé à ce programme a été assez inattendu pour les autorités qui s’en sont réjouies et en ont déduit que le mouvement de retour était sans doute enclenché. Pour le concrétiser, il faut proposer à ces candidats au retour des opportunités concrètes.

C’est ce que semblent avoir compris les autorités de la région de Cesis, les premières en Lettonie à avoir élaboré un plan complet de migration de retour: chaque candidat se voit remettre 20.000 euros pour ouvrir une petite entreprise, les autorités locales l’aident à trouver un local, lui accordent une réduction d’impôt foncier et lui fournissent une assistance comptable et marketing. En outre, les autorités locales fournissent des cours particuliers aux enfants afin de leur permettre de se (ré)adapter au système letton d’enseignement. Quant aux enfants d’âge préscolaire, ils se voient réserver une place prioritaire en crèche. Les premiers effets de ce plan lancé durant l’hiver ont commencé de se faire sentir, tout particulièrement avec l’ouverture de commerces de détail, de cafés et de salons de beauté. À Cesis, les autorités municipales espèrent bien qu’à terme elles verront des entreprises de production s’ouvrir.

Pour le moment, Silvija se réjouit d’être rentrée: elle a passé 8 ans en Angleterre, où elle a travaillé d’abord dans une station de lavage de voiture puis en usine, ce qui lui a permis de mettre 3.000 euros de côté avant de rentrer en Lettonie début 2015 et d’ouvrir à Cesis une boutique de vêtements importés d’Angleterre. Convaincue de son avenir, elle appelle ceux qui sont partis à revenir en Lettonie.