L’islam à Saratov, entre Moscou et le Caucase : la religion comme vecteur de nationalisme

Rencontre avec Moukkadas Abisov, imam de la grande mosquée de Saratov.


''Un millier de fidèles assiste régulièrement à la messe. Plus d'un tiers d'entre eux sont des Tatars, signe de l'importance de cette communauté dans notre région. Les autres sont tchétchènes, azerbaïdjanais, daguestanais, kazakhes ou russes.

Une grande partie de la messe est dite en tatar. Si mes origines sont tatares, je suis avant tout musulman. L'islam ne détruit pas les frontières entre nationalités. Au contraire, il permet de conserver les identités nationales et culturelles.

Je crois que chaque personne doit connaître sa langue maternelle. Car aujourd'hui, la langue tatare perd ses positions. Dans la vie quotidienne, c'est difficile d'utiliser la langue tatar. La messe permet de populariser la langue et de véhiculer cette identité. Reste que nous n'enseignons pas ici le tatar, mais les fondements de l'islam et du Coran.

Quant à l'avenir de ces communautés lu au travers du filtre religieux, je regrette qu'aujourd'hui, les vecteurs de nationalité disparaissent au profit d'un simple clivage confesionnel musulman - non musulman.''

 

Par Célia CHAUFFOUR