Saint-Pétersbourg : la Nouvelle Hollande, île mystérieuse ouverte au public

Durant plus de deux siècles, l'île de la Nouvelle Hollande a caché ses secrets derrière de hauts murs de briques. Depuis le départ de l'armée en 2004, elle fait l'objet de différents projets de réaménagement. Ses nouveaux investisseurs l'ouvrent au public durant les mois d'été depuis 2011.


La Nouvelle Hollande est une petite île (huit hectares) du centre de Saint-Pétersbourg. Elle a été aménagée au cours du 18e siècle comme partie prenante des chantiers navals de l'Amirauté créés par Pierre le Grand. Sa fonction était le stockage de bois et aucun pont ne devait la relier aux autres îles afin d'éviter la propagation des incendies. L'île est ainsi délimitée par trois canaux qui lui confèrent sa forme triangulaire. La Moïka qui la borde au sud et la relie au port maritime, la sépare du quartier du théâtre Marinski. C'est sur ce canal que l'île offre sa façade monumentale: deux hautes façades de briques, reliés par une célèbre arche[1].

Depuis le départ de l'armée, les projets de réaménagement se succèdent. Les clefs de l'île sont d'abord confiées au magnat du pétrole Chalva Tchiguirinski et à l'architecte britannique Sir Norman Foster[2]. En raison des difficultés financières rencontrées par ce premier investisseur, c'est l'homme d'affaires Roman Abramovitch et l'agence d'architecture américaine Work Architectural Company qui, en 2010, sont lauréats d'un concours d'aménagement. L'investissement de 235 millions d’euros est alors planifié sur 7 ans et propose un «cluster créatif»: logements, boutiques, bureaux, espaces culturels. Un programme d'ouverture estivale du site est lancé en juillet 2011, puis reconduit en 2012 et 2013, avec des aménagements provisoires (cafés, boutiques) et des événements (expositions, concerts). Il a surtout offert au public une vaste pelouse, un bien précieux dans le centre minéral Saint-Pétersbourg. Le succès s'est mesuré en centaines de milliers de visiteurs.

En 2014, les investisseurs ont dû revoir l'aménagement pour conserver l'espace vert provisoire et supprimer la construction d'un parking en étages prévu à cet emplacement. Plusieurs facteurs sont évoqués: la volonté politique de créer un jardin public dans ce quartier et des contraintes patrimoniales. Les craintes sont grandes à Saint-Pétersbourg de voir des complexes historiques de ce genre gâchés par des projets d'aménagement qui font long feu, tels que ceux des marchés Apraksine et Nikolskiï[3]. Les investisseurs ont finalement confié l'aménagement de l'île à l'agence WEST 8 basée à Rotterdam et spécialisée dans les espaces publics. Celle-ci entend au contraire profiter de l'isolement physique de l'île et réhabituer les Pétersbourgeois aux zones piétonnes. La rénovation proposée des bâtiments est conservée. Elle prévoit notamment d'aménager des commerces et des équipements aux rez-de-chaussée, des bureaux en étage et des logements dans les derniers étages des grands entrepôts. Le planning annoncé de livraison s'échelonne entre fin 2015 et 2017[4].

Les photographies ont été prises durant le programme estival de 2012.

Notes :
[1] Cf. www.newhollandsp.ru/
[2] Cf. realty.newsru.com
[3] Polina Gritsenko, «Park vmesto parkovki» [Un parc au lieu d'un parking], Vedomosti, 10 juin 2014Nadejda Zaïtseva & Maria Bouravtseva, «Krouglosoutotchno ves god» [24/24 toute l'année], Vedomosti, 3 juillet 2014.
[4] Vladimir Afanasiev, «Novaïa Gollandia pozeleneet» [La Nouvelle Hollande s'enverdit], Nevskoe Vremia, 4 juillet 2014. Pour des images du projet d'aménagement, voir: «Vpetchatlaïouchtchiï èffekt minimalistkogo podkhoda» [L'effet impressionnant de l'approche minimaliste], Novaïa Gazeta, 4 juillet 2014.