Serbie : une semaine de manifestation pour protester contre le renforcement des mesures sanitaires

L’annonce le mardi d’un couvre-feu pour lutter contre la propagation de la Covid-19 s’appliquant dès le week-end suivant a provoqué, quelques heures plus tard, des manifestations de rue et des débordements qui se sont poursuivis les jours suivants à Belgrade et à Novi Sad, malgré l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes. La rue est très remontée face à la gestion de la crise par l’exécutif serbe.

Le 10 juillet, la quatrième nuit de manifestations d’opposants au régime a connu un niveau de violence inquiétant. Un homme a été poignardé deux fois, une équipe de journaliste (N1) a été attaquée et une centaine de manifestants parmi les plus radicaux ont tenté de pénétrer dans le bâtiment du Parlement. Les auteurs de ces actes appartiennent à des groupuscules des mouvances de l’extrême et de l’ultra droite nationaliste. Les militants ont crié des slogans montrant leur opposition à Aleksandar Vucic et ont chanté des chansons sur le Kosovo. Les plus agressifs d’entre eux ont interpellé les policiers des unités antiémeutes en leur demandant d’aller rétablir l’ordre au Kosovo et ici de procéder à l’« arrestation de Vucic ».

La majorité des participants aux cortèges pro-démocratie (rassemblant près de 3 000 personnes selon les autorités), dont le comportement apparaissait plus pacifique, s’est tenue à distance des échauffourées. Les services de renseignement spécialistes de la mouvance extrême droite avaient laissé fuiter auprès d’eux, un peu plus tôt dans la journée, l’information selon laquelle des nationalistes se préparaient à provoquer des débordements.

Ce samedi, une cinquième nuit de protestation a été organisée, mais les rangs des participants ont été plus clairsemés et des militants ont appelé à une action pacifique.

Pour le consultant politique Djordje Belamaric, le régime a « détruit la démocratie et nous a ainsi ramenés au féodalisme et au XVIIIème siècle », ce qui explique la réaction épidermique de la rue. Il estime que la prochaine étape pourrait être une « révolution à la française » qui conduira à la formation de nouveaux partis.

Olga Nikolić, associée de recherche à l'Institut de philosophie et de théorie sociale de l'Université de Belgrade, estime cependant que ces manifestations manquent d'organisation, ce qui fait dire au politologue Vuk Velebit que cela pourrait être le moment pour l’opposition, précisément, de proposer des solutions et de retrouver ainsi une certaine crédibilité aux yeux du peuple.

Sources : Danas, Vesti, N1.