Par Edouard Tallet (sources : Tanjug, B92.net, Blic.rs, Balkan Insight)
Le ministre serbe de l’Intérieur, Nebojša Stefanović, a annoncé le 26 décembre au matin l’arrestation dans la nuit de 79 personnes au cours d’une opération de police anti-corruption. Parmi elles, on compte un ancien ministre, deux assistants ministériels, des responsables municipaux, des directeurs d’entreprises privées, des hommes d’affaires et… Zorana Marković, qui a dirigé l’Agence anti-corruption entre 2009 et 2012.
Au total, les suspects auraient causé un préjudice évalué à 100 millions d’euros, par des actions de corruption, de blanchiment d’argent, de contrefaçon de documents, d’abus de position, de pots-de-vin et d’utilisation détournée des marchés publics. Le ministre a rappelé à cette occasion que des enquêtes sont en cours depuis 2004 et que la politique de lutte contre la corruption ne se réduirait pas à cette opération: «Personne ne sera épargné», a-t-il affirmé au cours de sa conférence de presse, avant de préciser que le plus gros du travail, réalisé au cours de l’année 2015, concerne des fraudes enregistrées dans le secteur de la construction.
Parmi les personnes arrêtées, on trouve l’ancien ministre du Commerce (2008-2011) et de l’Agriculture (2007-2008), Slobodan Milosavljević, suspecté d’infractions aux lois sur les terres agricoles. Lui seraient notamment reprochées des opérations portant sur l’échange illégal, entre 2004 et 2008, de terres détenues par le groupe marketing Maxim&Co contre des terres appartenant à l’État et situées dans la zone constructible de Novi Sad.
Nombreux sont ceux qui dénoncent, à travers cette opération spectaculaire et ultra-médiatisée, une chasses aux sorcières (S.Milosavljević était un proche de l’ancien Premier ministre Zoran Djindjić, assassiné en mars 2003) et un signal adressé à l’Union européenne, à l’heure où les négociations d’adhésion de la Serbie butent, notamment, sur la défaillance du système judiciaire du pays et son niveau de corruption.
