Un différend oppose de longue date Bratislava à Vienne sur la question de l’énergie nucléaire. Mais, le 7 mai 2019, le Premier ministre slovaque Peter Pellegrini a fait part de son mécontentement, jugeant que le Chancelier autrichien, Sebastian Kurz, avait outrepassé ses droits et ses compétences.
Ce dernier venait en effet de déclarer qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher l’achèvement de la centrale nucléaire de Mochovce, dont les 3ème et 4ème réacteurs devaient entrer en fonction entre novembre 2019 et mars 2020. Or la pression des activistes autrichiens est telle qu’un report de l’obtention de la procédure d’autorisation de mise en service a été annoncé le 6 mai. À cette occasion, les autorités slovaques ont accusé Vienne d’ingérence dans les affaires nationales et de mise en cause de la souveraineté de leur État.
Située à une centaine de kilomètres de la frontière autrichienne, la centrale de Mochovce est l’objet de toutes les attentions des autorités et des militants anti-nucléaire autrichiens depuis que Bratislava envisage de lui adjoindre deux réacteurs supplémentaires : initialement prévus pour entrer en service en 2012 ou 2013, de conception soviétique mais modifiés par l’ajout d’éléments occidentaux et plus modernes, ces réacteurs seraient supposés ne pas garantir les conditions nécessaires de sécurité, notamment en cas de tremblement de terre ou d’incident sérieux.
Le directeur général de Slovénske Elektrárne, Branislav Strycek, regrette quant à lui ces reports répétés liés aux actions de l’Autriche. Bratislava a demandé à l’AIEA de dépêcher une mission d’experts sur place pour inspecter le site mais celle-ci ne pourrait avoir lieu que sur invitation slovaque.
Pour P. Pellegrini, cette « guerre sainte » déclarée par l’Autriche contre toutes les centrales nucléaires de la région (les Tchèques en savent également quelque chose) ne tient pas compte de l’expérience accumulée par la Slovaquie dans le domaine nucléaire.
Le Chancelier autrichien et le Premier ministre slovaque devraient évoquer l’épineux dossier de Mochovce lors d’un entretien, le 9 mai, en marge du Sommet européen de Sibiu (Roumanie). D’ores et déjà, P. Pellegrini a proposé à S. Kurz de se rendre en Slovaquie afin de visiter le site de construction de la centrale.
Sources : Deutsche Welle, The Slovak Spectator, RTV.sk, TASR.
