Tadjikistan : vers une radicalisation islamique ?

Par Hélène Rousselot (sources : Regnum, CA-NEWS (TJ), Nezavissimaïa gazeta)

Les élections législatives qui se tenaient au Tadjikistan le 1er mars 2015 ont mobilisé 83% des électeurs inscrits (4,318 millions au total). Toutefois, les travailleurs tadjiks émigrés en Russie, notamment, et qui seraient plus d’un million, n’ont pas pu remplir leur devoir électoral. Les candidats étaient au nombre de 288 pour 63 sièges de députés. Parmi les observateurs internationaux (plus de 500), des responsables de l’OSCE ont dénoncé de nombreuses irrégularités avant et pendant le scrutin.

C’est la formation au pouvoir, le Parti démocratique populaire du Tadjikistan, qui a remporté ces élections en recueillant 65,2% des voix. Le Parti agrarien vient en deuxième position avec 11,8% des voix, puis celui des réformes économiques avec 7,6% des suffrages. Le Parti de la renaissance islamique (PRIT, seul parti islamique autorisé au Tadjikistan et en Asie centrale) a vu son score baisser à 1,5% (contre 8% aux élections de février 2010). Il a fait l’objet de diverses tracasseries pendant la campagne électorale et a été désigné comme étant un «parti de la guerre».

Son leader, Moukhiddin Kabiri, dénonce ces résultats. Il a rappelé que c’est la première fois depuis qu’un accord a été signé, en 1997, avec le pouvoir faisant suite à la guerre civile de 1992 à décembre 1996, que le PRIT ne sera pas représenté au Parlement. Alekseï Malachenko, du Centre Carnegie de Moscou, estime que les autorités tadjikes ont commis une faute politique en rejetant ainsi les forces d’opposition et qu’elles prennent le risque de voir le PRIT se radicaliser, voire même son leader débordé.

Selon l’expert sur l’Asie centrale et le Moyen-Orient, Alexandre Kniazev, le PRIT représente le seul recours politique permettant de canaliser les revendications protestataires des Tadjiks. La situation risque en outre de se dégrader alors que quelques centaines de milliers d’émigrés tadjiks vont vraisemblablement être amenés à revenir au Tadjikistan, alors que la crise sévit en Russie.