Turkménistan : un exportateur de gaz fragilisé

Par Hélène Rousselot (sources : Fergana.ru, Gundogar, Hronika Turkmenistana, Regnum.ru)

Après avoir déclaré en octobre 2014 qu’elle n’achèterait plus de gaz au Turkménistan ou à l’Ouzbékistan, la compagnie russe Gazprom annonce en effet, en ce début d’année 2015, une diminution drastique de ses approvisionnements de gaz centrasiatique. Ils passeraient de 4 à 1 milliard de mètres cubes annuels pour le gaz ouzbek et de 10 à 4 milliards de mètres cubes pour le gaz turkmène, malgré la signature, en 2003, de contrats sur 25 ans entre la Russie et le Turkménistan. Les volumes achetés par Gazprom à ces deux pays n’ont cessé de baisser depuis 2009. Ils s’établissaient alors à 27,2 milliards de mètres cubes de gaz, puis à 24,6 en 2010, 19,2 en 2011, 19,6 en 2012, et enfin à 16,61 en 2013.

L’Iran ayant déclaré en août 2014 par la voix de son ministre du Pétrole que le pays comptait également diminuer ses achats de gaz au Turkménistan, il ne reste à ce dernier que la Chine comme client important. Celle-ci importe en effet environ 40 milliards de mètres cubes de gaz turkmène par an, dont une partie conséquente concourt à rembourser les dettes contractées par le Turkménistan auprès de ce pays. En 2010, Pékin a en effet octroyé 4,1 milliards de dollars pour développer le champ gazier de Ioujnij Iolotan et 8 milliards de dollars pour celui de Galkynych, sur les 11 milliards nécessaires à la première phase de ce développement.

Pourtant, le 11 février 2015, lors de la réunion, à Islamabad d’entreprises chinoises, russes et françaises –dont Total–, afin de signer le contrat de mise en place du Trans-Afghanistan Pipeline (TAPI, le tube doit acheminer sur plus de 1.700 km du gaz turkmène jusqu’en Inde, via l’Afghanistan et le Pakistan), le Turkménistan a refusé de voir ces firmes participer à la construction du tronçon devant relier Dovletabad (le gisement, découvert en 1982, bénéficie de réserves estimées à 41.733 milliards de mètres cubes de gaz) à la frontière afghane. Il souhaite en effet mener seul la construction de ce tronçon situé sur son territoire.