Kirghizstan : un afflux de travailleurs migrants ouzbeks

En raison de la pandémie, des milliers de travailleurs migrants ouzbeks sont empêchés de se rendre en Russie comme ils le font d’ordinaire, constituant ainsi un appui financier décisif pour leurs familles restées au pays. Dans la vallée de Ferghana, ils sont ainsi des centaines à tenter de passer chaque jour au Kirghizstan voisin pour proposer leur force de travail. Dans la région d’Och, certains trouvent des petits boulots informels, pour 10 ou 20 $ par jour (en Ouzbékistan, le salaire médian est de 130 $ par mois) ; d’autres vont plus loin dans le pays.

Il existe en effet un différentiel de salaires entre Ouzbékistan et Kirghizstan, où les travailleurs ouzbeks sont réputés accepter des travaux que les locaux refusent de faire ou de les accepter contre une rémunération moindre. La plupart de ces employés occasionnels n’étant pas déclarés, il est difficile d’évaluer leur nombre. La plupart travaillent dans le bâtiment, sur des chantiers de construction ou de rénovation, ou sont occupés à d’autres tâches manuelles. Des femmes sont aussi employées, en général pour des travaux de ménages, et hommes et femmes proposent leurs bras pour les travaux agricoles.

Toutefois, cet afflux commence à inquiéter les autorités kirghizes, qui constatent une pression sur le marché du travail. D’après les statistiques officielles, 157 000 Kirghizes auraient été déclarés au chômage en 2020 ; le chiffre réel serait plutôt de 500 000 (dans un pays de 6,5 millions d’habitants).

La Russie, traditionnellement destination privilégiée par ces travailleurs migrants, a bien consenti à rouvrir ses frontières aux Ouzbeks le 1er avril dernier, mais uniquement à ceux pouvant arriver par voie aérienne, ce qui en décourage plus d’un pour des raisons financières et d’organisation (deux vols par semaine étant disponibles, les places ont été rapidement vendues jusqu’à l’été). Avant la pandémie, l’Ouzbékistan (35 millions d’habitants, un taux de chômage officiel de 13 % en 2020) fournissait chaque année 6 millions de travailleurs migrants, dont la majorité se rendait en Russie pour des emplois saisonniers.

 

Sources : RFE/RL, Center for Insights in Survey Research, Eurasianet.