Depuis le vote de la résolution « contre le génocide, les crimes de guerre et contre l'humanité commis au Kosovo par l'ancien régime de l'État serbe » le 17 mai 2019 par le Parlement kosovar, le niveau de tension entre Belgrade et Pristina est monté d’un cran. Cette initiative a montré que le sommet de Berlin (29 avril), dont l’objectif était de relancer le dialogue entre la Serbie et le Kosovo, n’a en rien modifié la difficile relation entre les deux voisins balkaniques.
Le couple franco-allemand avait prévu de se réunir une nouvelle fois 1er juillet 2019, à Paris, avec les représentants des deux états afin d’obtenir des gestes d’apaisement, nécessaires à la fois à l’amélioration de la stabilité des Balkans occidentaux et à la poursuite des démarches d’adhésion à l’UE. Cependant, les relations entre Pristina et Belgrade s’étant dégradées au cours du mois de mai, avec des tensions lors des élections municipales du Nord Kosovo, les deux voisins ne sont pas pressés de retourner à la table des négociations.
Au début de la semaine dernière, le président serbe Aleksandar Vucic avait déjà fait savoir que l’événement pourrait être annulé, rejetant la faute sur un exécutif kosovar peu disposé au dialogue. Les dernières interventions du Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj, évoquant la reconnaissance totale de l’indépendance du Kosovo comme résultat nécessaire du dialogue serbo-kosovar, serait également en cause.
Le 21 juin, le gouvernement allemand a confirmé aux journalistes de Deutsche Welle que le sommet de Paris n’aurait effectivement pas lieu le 1er juillet et que la rencontre internationale était reportée à une date ultérieure. L’annonce survient alors que le couple franco-allemand apparaît de plus en plus divisé, notamment sur la nomination du successeur de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne.
Réagissant à cette annonce, la porte-parole du ministère fédéral des Affaires étrangères de l’UE Maja Kocijancic a déclaré le même jour que les représentants serbes et kosovars devraient retourner à la table des négociations pour garantir à la fois la réconciliation de leurs États, leur adhésion européenne et le développement économique de leurs territoires. Un communiqué rédigé dans les mêmes termes a été envoyé par l’ambassadeur américain en résidence à Pristina, Philip Kosnett, aux autorités kosovares ; un message qui n’est pas anodin quand on sait que le Kosovo est l’allié privilégié des États-Unis dans la région. Le 22 juin, Pristina réagissait pas l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Behgjet Pacolli, en rejetant à son tour la responsabilité du report du sommet sur son voisin serbe.
Sources : Slobodna Bosna, Deutsche Welle, RS N1 Info, New Beezer.