Géorgie : inquiétudes liées à l’afflux de ressortissants russes

La guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine entraîne le départ de nombreux ressortissants russes à l’étranger, notamment en Géorgie où des milliers de ces expatriés seraient déjà arrivés. Les sites immobiliers géorgiens sont pris d’assaut par des ressortissants russes depuis la fin du mois de février.

Les journalistes géorgiens ont interrogé de nombreux Russes afin de connaître les raisons de leur départ. Une partie d'entre eux indiquent que leur décision est liée à la mise en place d’un régime totalitaire dans leur pays, notamment depuis la reconnaissance par le président russe des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk. Ce profil correspond à celui d'opposants mais aussi de membres de la communauté LGBT. Dès les annonces du Kremlin, des groupes baptisés « Il est temps de partir » ont fleuri sur les réseaux sociaux russes. Or, les seuls États où les ressortissants russes peuvent voyager sans visa sont la Turquie, l’Arménie, les Émirats arabes unis et la Géorgie. Ce pays offre en outre l’avantage d’être actuellement gouverné par un dirigeant à la fois pro-russe et aux valeurs européennes. Une communauté d'opposants russes s'y est déjà installée.

Une partie des migrants souhaitent aussi se mettre à l’abri des sanctions économiques mises en place par la communauté internationale et qui affectent la société civile russe.

Certains expatriés espèrent que cette « escale » en territoire géorgien sera temporaire et qu’ils pourront rentrer en Russie à l’issue d’un conflit de courte durée. Pour d'autres, vivre en Géorgie pourrait offrir la possibilité d'acquérir la nationalité géorgienne et ainsi de rejoindre plus facilement l’Europe de l’Ouest.

Cette présence a d’ores et déjà provoqué l’émergence de débats au sein de la société civile géorgienne, qui se demande si cet afflux constitue une menace pour la sécurité de l’État et un risque de déstabilisation. Des pétitions demandant la mise en place d’une limitation temporaire des entrées aux seules victimes de persécutions commencent à circuler sur les réseaux sociaux.

Sources : Net Gazeti, Civil Georgia, entretien avec des membres de la communauté géorgienne.