Bosnie-Herzégovine : Milorad Dodik, nouveau vassal de Trump?

Depuis 2017, des sanctions ont été imposées à plusieurs reprises par les États-Unis au national-populiste Milorad Dodik, président de la République serbe de Bosnie (RS) et dirigeant du SNSD (Alliance des sociaux-démocrates indépendants). Faisant suite à son refus d’appliquer les décisions du Bureau du Haut-Représentant en 2023, la Commission électorale centrale (CEC) de Bosnie-Herzégovine a déchu M. Dodik de ses fonctions de président de la RS le 6 août 2025.

Se sentant désormais réellement menacé et souhaitant à tout prix rester l’homme fort de la République serbe de Bosnie, le président déchu manifeste sa capacité à faire des concessions à Washington, dont il s’est rapproché depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Grâce à un contrat de lobbying conclu entre Rod Blagojević (RRB Strategis) et le gouvernement de la RS, des négociations ont été menées pendant plusieurs mois avec Washington, aboutissant à la levée, le 29 octobre, des sanctions américaines contre M. Dodik et ses plus proches collaborateurs. En échange, le gouvernement serbe de Bosnie acceptera le verdict du tribunal de Bosnie-Herzégovine à l’encontre de M. Dodik, retirera les lois inconstitutionnelles et se montrera favorable à la prolongation du mandat de l’EUFOR. Il semble donc que la relation Washington/Banja Luka puisse rapidement se normaliser. Michael Murphy, l’ancien ambassadeur des États-Unis en poste à Sarajevo, a néanmoins averti le politicien bosno-serbe que D. Trump « n’aimait pas être trompé » et que les engagements pris devraient être tenus pour que la clémence américaine perdure.

Cependant, cette négociation et ces avancées se sont déroulées sans l’aval et la médiation de Belgrade, mécontentant le gouvernement serbe, qui reste un acteur régional important.

Selon Denis Avdagić, analyste de politique étrangère basé à Zagreb, les États-Unis ont, dans cette affaire, opté « pour la carotte plutôt que pour le bâton ». On y voit donc « une approche plus novatrice du Département d’État américain en Bosnie-Herzégovine ». Cela pourrait être le signe que Washington souhaiterait placer ce pays sous « protectorat » américain ou que D. Trump serait favorable à une évolution du traité de Dayton vers un « Dayton 2 » ou un « Mar-a-Lago 1 », signé sous le feu des projecteurs par le Président américain et les acteurs locaux.

Sources : Slobodna Bosna, Večernji, N1.