À l’approche de l’hiver, le Kirghizistan anticipe une crise énergétique majeure, alors que le réservoir Toktogul, source majeure des capacités hydroélectriques du pays, est à un faible niveau.
Héritage de la période soviétique, le système énergétique d’Asie centrale reste fortement interdépendant, tout particulièrement entre le Kazakhstan et le Kirghizistan : en été, au pic de la production hydroélectrique, le Kirghizistan exporte ses surplus vers le Kazakhstan, tandis qu’en hiver, le Kazakhstan répond au déficit de production kirghize en exportant un tier de plus que ce qu’il a importé durant l’été. « L’électricité ne peut pas être stockée et, pour éviter les relâchements d’eau inutiles en été, nous transférons le surplus à nos voisins », précise le ministre kirghiz de l’Énergie, Taalaybek Ibrayev.
Dernièrement, le Kazakhstan a significativement augmenté ses achats d’électricité auprès de Bichkek, solution moins onéreuse qu’auprès de son fournisseur principal, la Fédération de Russie, ou que du voisin ouzbèk. En 2025, le Kazakhstan n’est en outre pas parvenu à couvrir par lui-même sa demande intérieure : depuis le début de l’année, le pays a généré 101,8 Mds de kWh, pour une consommation de 103,3 Mds de kWh, selon KOREM.
Alors que la région s’engage dans la numérisation et la course à l’IA, ces besoins devraient en outre aller en augmentant, même si la construction du barrage de Kambar-Ata devrait améliorer la situation.
Au Kirghizistan, la crise électrique devient politique, alors que des élections législatives se dérouleront fin novembre. Ainsi, l’ancien président Almazbek Atambayev (2011-2017) s’en est pris à son successeur S. Japarov : « J’étais fier qu’en 2017, nous ne dépendions plus du volume d’eau du réservoir Toktogul. En 2017-2018, nous sommes devenus complètement indépendants et avons arrêté d’importer de l’électricité. J’ai fièrement appelé cela l’indépendance énergétique du Kirghizistan ». Le président Japarov a répondu : « Il y a des groupes malicieux qui présentent ces problèmes comme une montagne, espérant que ‘‘quelque chose se passe lors des élections’’ […] Un coup [d’État] ne sera pas permis. »
Sources : 24.kg, UlysMedia.kz, Intellinews