Bosnie-Herzégovine : une campagne présidentielle sur fond de visions divergentes

Le 2 octobre 2022 se tiendront les élections présidentielles bosniennes qui désigneront les trois membres de la présidence fédérale représentant respectivement les trois groupes constitutifs de la nation bosnienne (Croates, Bosniaques et Serbes).

Le représentant des Croates de Bosnie est actuellement Željko Komšić, connu pour son positionnement europhile et non nationaliste. Son concurrent pressenti, l'actuel président du HDZ BiH (le principal parti nationaliste croate) Dragan Čović, a décidé de se retirer de la course et a été remplacé par Borjana Krišto. Cette juriste qui a travaillé dans plusieurs cabinets d'avocats entre 1987 et 1999 a exercé les fonctions de ministre de la Justice de 1999 à 2000, puis de 2002 à 2006, avant d'être élue à la tête de la Fédération croato-musulmane, l'une des deux principales collectivités territoriales du pays. Candidate à la présidence fédérale en 2010, elle a perdu son duel face à Ž. Komšić (élu avec plus de 60 % des voix). Depuis 2014, elle poursuit sa carrière politique en tant que députée au sein de la Maison des représentants, l'une des deux chambres parlementaires bosniennes.

Le 12 juillet, l'intéressée a publiquement critiqué la résolution du Bundestag sur la Bosnie-Herzégovine votée le 7 juillet : selon elle, cette résolution est contraire à l'annexe IV de l'Accord de paix de Dayton, qui est « la constitution de la Bosnie-Herzégovine ». La résolution allemande valorise une approche européenne pour améliorer les perspectives d’avenir de ce pays candidat à l’adhésion. Le Bundestag a dans le même temps apporté son soutien au Haut Représentant, l'Allemand Christian Schmidt, et a critiqué l'attitude du nationaliste Milorad Dodik, membre de la présidence fédérale représentant les Serbes de BiH. Pour rappel, depuis plusieurs mois, C. Schmidt cherche à limiter l'influence des nationalistes comme M. Dodik, au profit de l’émergence d’une opinion publique citoyenne et fédérale. Le HDZ BiH n’est pas favorable à cette vision europhile qui contredit ses valeurs nationalistes et promeut un apaisement des relations entre peuples constitutifs par des discussions entre dirigeants bosniaques et bosno-croates.

La candidate maîtrise ce dossier, car elle a dirigé durant plusieurs années la Fédération croato-musulmane où vivent principalement des Bosniens issus de ces deux groupes nationaux (Croates et Bosniaques).

La candidate a dans le même temps déclaré au media Radiotelevisija HB de Mostar : « Nous devons faire de la BiH un lieu de dialogue et de coexistence ». Il s'agit ainsi pour elle de mettre en avant la primauté des peuples constitutifs, dont le retour à la bonne entente (entre dirigeants respectifs) serait la condition évidente pour un apaisement des tensions actuelles. C'est en ce sens qu'elle demande la stricte application des accords de Dayton tout en s’opposant à l'évolution europhile et démocratique souhaitée par Ž. Komšić et C. Schmidt, qui serait source de chaos dans son pays.

Sources : Slobodna Bosna, N1.