Durant cinq semaines d'affilée, les autorités sanitaires bulgares ont enregistré un nombre de cas d’infection à la Covid-19 avoisinant les 1 500 cas hebdomadaires. Puis, à partir du 10 août 2020, elles ont fait état de 900 cas par semaine, et ce jusqu’à la fin du mois. Cette baisse pourrait se poursuivre mais, pour certains spécialistes, cet indicateur n’est pas pertinent.
En effet, en Bulgarie les tests PCR sont généralement effectués par des laboratoires privés et concernent surtout des actifs qui se savent en bonne santé mais doivent voyager pour l’étranger et présenter une preuve qu’ils ne sont pas infectés. Les congés estivaux expliqueraient donc la chute du nombre de détections.
En revanche, le taux de mortalité des patients s’est considérablement accru sur cette même période. Ainsi, au 1er septembre, la Bulgarie occupait la deuxième place parmi les pays de l'Union européenne (derrière la Roumanie) pour le nombre de décès liés à la Covid, avec un taux de 17,3 morts pour 100 000 habitants. C’est plus que l’Espagne, mais également plus qu’Israël (qui a pourtant choisi de se « reconfiner »), que la Russie et la Turquie, où le coronavirus circule pourtant activement.
Les autorités bulgares ont enregistré 60 décès liés à la Covid-19 pour la seule première semaine de septembre (soit une hausse de 47 % de la mortalité). Simultanément, dans les Balkans, seule la Macédoine du Nord affichait une croissance du nombre de décès plus élevée que la Bulgarie.
Ce rebond de la mortalité reflète le développement de l'épidémie dans le pays et trouve en grande partie son origine dans le non-respect des mesures barrières durant l’été, une période traditionnellement festive en Bulgarie. Cette attitude est particulièrement prégnante chez les jeunes, qui se sentent moins concernés par le risque sanitaire. Mais des établissements accueillant des personnes âgées ont également étaient affectés par ce rebond, principalement à Varna et Ruse, ce qui explique que l’âge moyen des personnes décédées avoisine 70 ans.
L’option d’un éventuel confinement n’est pas envisagée à ce stade, probablement parce que, le gouvernement étant actuellement très contesté dans la rue, il craint les effets d’un durcissement des mesures sanitaires (il pourrait contribuer à renforcer le nombre des contestataires). Pour le Premier ministre Boïko Borissov, la Bulgarie reste le pays qui « combat avec le plus de réussite » l’épidémie en Europe. Le personnel soignant bulgare, déjà bien éprouvé, se dit, lui, épuisé et ne serait plus en mesure de détecter et d’isoler les nouveaux cas, ainsi que les cas contacts. Certains praticiens locaux estiment qu’à peine 1 personne infectée sur 8 serait effectivement détectée et suivie.
Sources : Kapital, Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, Cherno More, Svobodna Evropa.