Pour la 6ème fois en deux ans, les électeurs bulgares se sont déplacés aux urnes le 9 juin 2024 en Bulgarie, mais aussi à l’étranger, où résident plusieurs centaines de milliers d’actifs. Une partie des expatriés bulgares résidant en France a exprimé un vote dans l’une des 15 sections (3 à Paris et une dans les villes de Marseille, Grenoble, Lyon, Bordeaux, Nice, Montpellier, Lille, Thouars, Strasbourg, Saint-Nazaire, Rennes et Toulouse) ouvertes dans le pays. Certains s’étaient inscrits en ligne auprès du site web de la Commission électorale centrale bulgare (CIK), afin de faciliter leur vote, mais la plupart se sont enregistrés le jour même.
Ceux qui ont fait le déplacement l’ont davantage fait pour élire leur nouvelle Assemblée nationale que pour participer aux élections des députés européens bulgares. En effet, ils étaient 2 927 à voter pour les députés de la chambre bulgare et seulement 2 549 pour élire le Parlement européen. Cela représente tout de même 4,45 % des votes des Bulgares de l’étranger enregistrés lors de ce scrutin européen (57 229). Ce score montre que l’électorat local n’est pas plus faible en France qu’ailleurs en Europe, car la communauté bulgare en France, qui compte quelques dizaines de milliers d’expatriés, est encore peu significative comparativement à celles de l’Allemagne, de l’Espagne ou de l’Italie.
L’électorat local a massivement voté pour la coalition « Nous continuons le changement (PP) et Bulgarie démocratique (PP-DB) », dirigée par les anciens ministres Kiril Petkov et Assen Vasilev (PP) et par Hristo Ivanov (DB). Sa liste de candidats à la députation européenne recueille 963 voix (37,78 %) et celle pour l’élection de l’Assemblée nationale 1 027 votes (35,09 %). Il s’agit d’un électorat europhile et pro-occidental, qui souhaite un changement et une modernisation de la Bulgarie. Les Bulgares qui glissent ce bulletin dans l’urne ou revendiquent ce vote sont des élites intellectuelles et techniques, des étudiants, de jeunes actifs instruits et diplômés partis à l’étranger pour leurs études ou réussir une migration économique assumée.
Parmi les autres formations qui ont rencontré un certain succès, on trouve des partis eurosceptiques et russophiles. L’ultranationaliste Vazrajdane (Renaissance) arrive en seconde position avec respectivement pour les deux scrutins 465 (18,24 %) et 510 votes (17,42 %). En troisième position, on trouve les nationalistes de Velichie (Grandeur), avec 240 (9,42 %) et 269 (9,19 %) voix. Ce vote est davantage celui des classes moyennes et populaires bulgares que l’on retrouve en France dans les secteurs de la construction, de la restauration et de l’agriculture.
Enfin, on constate quelques disparités en fonction des régions françaises observées. On peut ainsi distinguer les bureaux où PP-DB est arrivé en tête (Paris, Toulouse, Strasbourg, Nice, Montpellier, Lille, Grenoble, Bordeaux), de ceux où Vazrajdane domine (Lyon, Marseille, Thouars, Saint-Nazaire et Rennes). Localement, ces élections montrent qu’en France comme en Bulgarie deux groupes d’expatriés se mobilisent dans ces élections, les uns ouverts et europhiles, les autres nationalistes. Tous deux souhaitent un changement, mais en dehors de cette volonté commune leurs attentes divergent sensiblement.
Source : analyse des données de la CIK.