Par Céline Bayou (Sources : Nastoiachtchee Vremia, Reuters, Radio Svoboda, Ozodlik)
L’écrivain ouzbek Nourillo Otakhanov (Nurulloh Muhammah Raufkhon) a quitté son pays en 2016. Profitant de l’invitation de la maison d’édition stambouliote Ferfir à venir présenter son dernier ouvrage, il a alors décidé de rester en Turquie. Très critique à l’égard du rôle joué par le président Islam Karimov dans l’évolution de son pays depuis l’indépendance, il venait d’être placé sur une liste noire par les autorités et son livre interdit.
Considéré par les gouvernements occidentaux comme responsable de violations systématiques des droits humains en Ouzbékistan durant son règne de vingt-cinq ans, Islam Karimov est décédé en septembre 2016. Son successeur, Shavkat Mirziyoïev, a d’emblée voulu se présenter comme plus libéral et a notamment retiré 16.000 noms de cette fameuse liste noire, dont celui de l’écrivain.
En septembre 2017, ce dernier a déclaré dans une interview accordée à l’agence Reuters que, même s’il gardait quelques craintes, il avait décidé de rentrer en Ouzbékistan. Dans une lettre ouverte adressée au président Mirziyoïev, il précisait que son retour, s’il s’accompagnait des garanties de sécurité adéquates, attesterait la volonté de l’Ouzbékistan de rejoindre la communauté internationale en tant que pays attaché à la liberté et à la justice.
N.Otakhanov est donc arrivé à l’aéroport de Tachkent le 27 septembre, accompagné de sa femme. À peine descendu de l’avion, l’écrivain de 63 ans a été interpellé et menotté par la police locale, interrogé et envoyé en prison. C’est son épouse, Gulnara Otakhanova, qui a prévenu l’agence Reuters, précisant que la police lui avait simplement conseillé d’apporter des vêtements à son mari et de lui trouver un avocat, sans préciser les charges retenues contre lui. Elle n’a pas pu échanger avec l’écrivain lors de cette arrestation.
N.Otakhanov est le premier dissident à avoir décidé de rentrer, depuis l’appel lancé à New York par le président invitant les Ouzbeks installés hors des frontières à rejoindre leur patrie d’origine.