Serbie : acte V des manifestations à Belgrade

À la suite de l'agression, en novembre 2018, de l'un de ses dirigeants, l'Alliance civique de Serbie (GSS) a organisé un premier rassemblement de soutien à Borislav Stefanović, le 8 décembre. La formation impute cet acte de violence à la mouvance ultranationaliste et incrimine le Président serbe Aleksandar Vučić qui, par ses discours, inciterait certains de ses militants à agresser ses détracteurs. 10 000 personnes ont participé dans le calme à cette première manifestation. Les organisateurs ont profité de cette mobilisation pour critiquer publiquement la mainmise du pouvoir sur les médias, organisant notamment un arrêt du cortège devant les bâtiments de la RTS (radio-télévision de Serbie).

Puis d’autres manifestations se sont déroulées les semaines suivantes afin de marquer les esprits et de permettre à l'opinion publique serbe d'adhérer progressivement au mouvement.

La 5e journée de manifestation a été organisée le 5 janvier 2019. Elle a été désignée comme visant les « manteaux ensanglantés », c’est-à-dire A. Vučić et sa garde rapprochée qui, selon leurs détracteurs, diffusent de fausses informations favorisant la politique du gouvernement ultranationaliste tout en faisant croire au monde rural (où se concentre l'essentiel de l’électorat du chef de l’État) qu’il « vit dans un pays libre ». Cette fois, ce sont près de 50 000 personnes qui ont battu le pavé de Belgrade, avec pour mot d'ordre « Un des cinq millions », en référence à un discours du Président qui, en décembre 2018, avait indiqué qu'il ne céderait pas, même si « 5 millions de personnes descendaient dans les rues ».

Au cours de la manifestation, les organisateurs ont indiqué qu'ils venaient d'adresser une lettre ouverte à A. Vučić dans laquelle ils lui signifiaient que, sous « son règne », la Serbie était devenue un « pays de violence, de haine et de discrédit public ». Ils assurent que les manifestations vont se poursuivre, quelles que soient les intimidations du Président et même si celui-ci continue de publier « les pires mensonges, quotidiennement » dans les médias publics.

Sources : Slobodna Bosna, B92, Blic

Stéphan ALTASSERRE