Dans la soirée du 7 avril 2019, trois jeunes appartenant à la communauté rom ont agressé un client dans un magasin de Gabrovo (centre du pays), avant de s’en prendre physiquement au vendeur qui s’était interposé. Ces violences, filmées par les caméras de sécurité, ont été largement diffusées et médiatisées, favorisant la crédibilité de nombreuses rumeurs circulant dans le même temps sur les réseaux sociaux. C’est notamment le cas d’une fausse information affirmant que la municipalité de Gabrovo menait une politique sociale engagée afin de favoriser l’arrivée massive de membres de la minorité rom en provenance du reste du pays dans cette petite ville d’un peu plus de 60 000 habitants. Cette infox a contribué à susciter localement une crainte populaire à l’égard de la communauté rom.
Dans ce contexte, une partie des habitants a organisé pendant plusieurs jours des manifestations spontanées dans les rues de la ville, rassemblant plusieurs milliers de personnes. Dénonçant l’agression du commerçant, les manifestants ont ainsi extériorisé leur colère. Pacifiques au départ, ces rassemblements se sont généralement achevés, en début de soirée, par des affrontements entre des groupes de jeunes militants d’extrême-droite, parfois armés de barres de fer, et les policiers. Ces derniers ont dû faire usage de moyens de dispersion pour rétablir l’ordre et procéder à plusieurs interpellations. Accusé de ne pas avoir été suffisamment réactif, le chef de la police de Gabrovo a dû démissionner à la demande du Premier ministre Boïko Borissov.
Après plusieurs nuits d’émeutes, le 13 avril, le Conseil municipal a lancé un appel au calme. Le même jour, la mairesse Tania Hristova a à son tour menacé de démissionner de ses fonctions si les tensions ne s’apaisaient pas. Elle a aussi tenté de rassurer ses concitoyens en déclarant qu’« il n'y a jamais eu de ghettos roms à Gabrovo et qu’il n'y en aura pas », tout en affirmant qu’elle était attachée à la cohésion sociale entre les habitants de sa ville. Enfin, elle exhorté les partis politiques à ne pas tenir de discours de nature à attiser les tensions interethniques dans sa commune, alors que les élections européennes approchent.
Sources : Standart News, bTV (première chaîne de télévision privée), BNT (Télévision nationale bulgare), Focus News.