D #48 : Edito

La stratégie de l'Union européenne vis-à-vis de l'Asie centrale, présentée en juin 2007, inaugure une nouvelle étape dans la perception de cette région, longtemps considérée comme « zone entre les empires » ou un « entre deux » homogène hérité de l'histoire du « Grand jeu ». Cette vision classique pour un Européen ne correspond pourtant pas à la façon dont chaque pays de cette zone se perçoit. D'une superficie totale légèrement inférieure à celle de l'Inde, l'Asie centrale ex-soviétique ne constitue pas une entité politique même si elle est dotée d'une réalité historique.


Regard sur l'Est a voulu explorer l'évolution récente de ces représentations, qui se traduit par les modifications de la politique globale de l'UE ainsi que les enjeux qui en découlent, hormis ceux de l'énergie, délibérément écartés de ce dossier, bien qu'ils soient la priorité n°1 de l'UE. Parmi les enjeux que ceux de l'énergie pourraient dissimuler, figurent les risques éventuels induits par l'influence du modèle de construction de l'UE et l'exportation de programmes européens sur des réalités socio-politiques tout autres. Risques encore renforcés par l'émigration vers l'UE, vue comme un «eldorado», et qui accentue inégalités et clivages sociaux en Asie centrale.

Si la présence de l'UE est encore faible en Asie centrale comme en témoigne le niveau des échanges économiques (hors hydrocarbures), il ne serait pas souhaitable que son renforcement se métamorphose en un facteur de déstabilisation dans cette partie du monde où elle est encore considérée comme un acteur neutre, honnête et fiable sur le long terme.

Par Hélène ROUSSELOT

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