Pologne et Kaliningrad : du gaz via la mer Baltique

Alors que des terminaux de gaz naturel liquéfie ont déjà été installés en Pologne et en Lituanie, acheminant du GNL des États-Unis, de Norvège et du Qatar, de nouvelles installations viennent d’être annoncées par la Pologne et la Russie, contribuant à la totale reconfiguration gazière à l’œuvre sur la rive sud de la Baltique.

Les opérateurs de réseaux polonais et danois viennent de s’entendre en vue de l’installation d’un gazoduc les reliant aux champs gaziers norvégiens. La décision d’investir dans ce tube de 900 km qui partira de Norvège, traversera une partie de la mer Baltique puis le Danemark et les eaux territoriales suédoises pour aboutir au nord de la Pologne, a été annoncée le 30 novembre par la compagnie publique polonaise Gaz System.

Baltic Pipe, dont le coût est évalué entre 1,6 et 2,1 milliards d’euros, doit contribuer à réduire la dépendance de la Pologne vis-à-vis du gaz russe. Le gazoduc devrait d’ailleurs pouvoir entrer en fonction en 2022, au moment où les contrats de long terme liant Varsovie à Gazprom expireront. La construction de la partie sous-marine du tube doit être lancée au printemps 2020, une fois que les permis nécessaires auront été délivrés.

La capacité du tube sera de 10 milliards de m3 par an, dont l’essentiel sera acheté par la firme polonaise PGNiG. L’entreprise prévoit d’ailleurs de produire elle-même 2,5 milliards de m3 par an à partir des gisements norvégiens. Actuellement, la consommation annuelle de gaz de la Pologne est d’environ 15 milliards de m3.

Ce tube entre dans un projet plus large, comme l’a rappelé le ministre polonais de l’Énergie Krzysztof Tchórzewski : pour Varsovie, il s’agit de connecter le Baltic Pipe au corridor gazier Nord-Sud, qui vise à relier la Pologne à un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) situé en Croatie, via la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.

Le même jour, la Russie a annoncé l’inauguration en janvier 2019 de son terminal GNL flottant situé à proximité des côtes de Kaliningrad. Le gaz liquéfié devrait être importé d’Asie du Sud-Est et être livré par le navire baptisé Maréchal Vassilievski. La capacité du terminal est de 2,7 milliards de m3 de gaz par an, ce qui devrait permettre à l’enclave d’approcher l’autonomie gazière. Jusque-là, le gaz livré à l’enclave était exclusivement acheminé via un gazoduc terrestre passant à Minsk, Vilnius et Kaunas. Le premier chargement est parti de Singapour mi-novembre, sens inhabituel dans les relations gazières entre l’Europe et l’Asie. Le prix attractif consenti à Gazprom expliquerait cette étrangeté.

Sources : Radio Poland, LSM.lv, Reuters, Gazprom.com, S&P Global Platts.