Le premier tour de l’élection présidentielle roumaine s’est tenu le 10 novembre 2019, mettant en lice quatorze candidats. La participation électorale nationale a tout juste dépassé 47 % (63,13 % dans le comté d’Ilfov et, à l’autre extrême, 35,47 % dans celui de Vaslui).
Seuls trois candidats ont dépassé la barre des 10 % : 37,79 % pour le Président sortant Klaus Iohannis (Parti national libéral), 22,32 % pour l’ex-Première ministre Vasilica Viorica Dăncilă (Parti social-démocrate) et 14,95 % pour Dan Barna, le chef du jeune parti pro-européen Union Sauvez la Roumanie.
Selon le sociologue Marius Pieleanu, ce résultat est la conséquence de « l’absence de vrais débats ou confrontations » au cours des dernières semaines, qui a favorisé le chef de l’État. L’analyste politique Dan Constantin estime, pour sa part, qu’il n’y a jamais eu de campagne électorale aussi faible. Il ajoute que le Président en exercice, « bénéficiant de l’avantage du poste, a utilisé tous les moyens politiques pour dénigrer et éliminer ses concurrents ». Daniel Apostol, éditorialiste d’Antenne 3, enfonce le clou en évoquant une « campagne sans véritables thèmes nationaux, dans laquelle le discours public a été le plus souvent noyé dans le populisme, le nationalisme et le protectionnisme », mais il attire également l’attention sur le fait que peu de « candidats sérieux » étaient en lice.
L’électorat expatrié, jugé susceptible de changer le résultat des élections, a été très courtisé aux cours des semaines qui ont précédé le scrutin : le nombre de bureaux de vote a ainsi été multiplié par trois et la diaspora a été autorisée à voter pendant 3 jours. Si le chef de l’État est également arrivé en tête dans les 705 sections et bureaux de vote ouverts à l’étranger (près de 486 400 électeurs s’y sont déplacés), c’est D. Barna, qui a ensuité été plébiscité (26,42 % des voix), tandis que V. V. Dăncilă n’a obtenu que 2,88 %. Les expatriés semblent avoir été sensibles au discours anti-corruption de la présidence actuelle, aisi qu’au renouvellement incarné par D. Barna.
Le second tour du scrutin se tiendra le 24 novembre. V. V. Dăncilă a invité le favori à un débat public, mais cette proposition a été immédiatement déclinée par le Président qui, visiblement, ne souhaite pas prendre de risques.
Certains observateurs prévoient une recomposition de l’échiquier politique national à la suite de cette échéance électorale. Des défections individuelles sont attendues, qui pourraient conduire à la disparition de plusieurs formations politiques et à des fusions de partis.
Sources : ministères roumains de l’Intérieur et des Affaires étrangères, A1, Antena 3, Digi 24, La Croix.