Russie : les États-Unis doivent-ils débloquer le détroit de Kertch ?

Par Céline Bayou (sources: Nezavissimaïa Gazeta, Atlanticcouncil.org)

Des experts du think tank américain Atlantic Council ont suggéré à la Maison blanche d’envoyer des navires de guerre en mer d’Azov afin de forcer la Russie à débloquer le détroit de Kertch. La Nezavissimaïa Gazeta, de son côté, juge que, si les États-Unis prennent une telle décision, elle pourrait conduire à un conflit armé entre les deux pays.

Est en cause la construction du pont de Crimée qui doit à terme relier la péninsule à la Russie. C’est au prétexte des travaux liés à cette installation que la Russie a décrété le blocage du détroit pendant quelques semaines. Or cette décision est un coup dur porté à l’activité de deux ports ukrainiens de commerce, Marioupol et Berdiansk, qui permettent l’exportation de la majeure partie de la production ukrainienne d’acier.

Si le blocage déclaré unilatéralement est provisoire, il équivaut aussi à une mise en garde adressée à Kiev: la Russie est désormais en mesure de faire pression quand elle le veut sur l’Ukraine, en attentant aux intérêts économiques du pays avec une évidente facilité.

En outre, pour le centre d’analyse, ce blocage du détroit par Moscou porte atteinte à l’image des États-Unis. De fait, la Russie met ainsi en œuvre le principe de passage du détroit sous sa juridiction, réalisé selon Moscou depuis l’annexion de la Crimée en mars 2014. Or les États-Unis ne reconnaissent pas cette annexion. L’État-major ukrainien, de son coté, envisagerait selon les médias locaux (c’est du moins ce qu’avance la NG) les divers moyens de détruire le pont, placé sous étroite surveillance par la Russie.

L’implication des États-Unis dans la région n’échappe à personne, alors que Washington a décidé d’installer à Otchakov, situé à 150 km des côtes de Crimée, un centre d’opérations navales qui, formellement, doit être exploité par le ministère ukrainien de la Défense. Certains commentateurs doutent de la réalité de cette exploitation, alors que l’Ukraine n’aurait pas les moyens financiers et matériels d’assurer une telle mission. Dès lors, note la Nezavissimaïa Gazeta, ce centre ne servirait-il pas avant tout les intérêts américains dans la région?