Élément fort du mandat de M. Saakachvili, le verre reste le symbole matériel de la transparence d’un régime qui a voulu se construire en rupture avec les élites et les pratiques héritées de l’ère soviétique. Le verre est bien devenu la griffe des nombreux projets et réalisations de celui que l’on surnomme Micha.
Entamés en 2004, peu après la révolution des Roses qui porta Mikhaïl Saakachvili au pouvoir, les projets de verre se sont multipliés à travers tout le pays. Dans le centre de la capitale, la nouvelle mairie, ou encore le Palais présidentiel en sont les meilleurs symboles.
1. Le dôme du Palais présidentiel, Tbilissi (L.-A. Le Moulec, 2010).
Parallèlement à la spectaculaire réforme de la Milice transformée en Police en 2006, après la révocation de l’ensemble des forces de l’ordre et de sécurité, des commissariats de verre ont vu le jour jusqu’au fin fond des vallées les plus reculées. Symbole de ce régime nouveau, moderne et juste, qui fait table rase du passé et des privilèges octroyés aux serviteurs de l’Etat, le verre habille l’ensemble des bâtiments officiels.
2. Commissariat de quartier, Sarboutalo Tbilissi (L.-A. Le Moulec, 2010).
Après le palais présidentiel, autre bâtiment visible dans la capitale, le ministère de l’Intérieur. Achevé en 2009, il est judicieusement placé sur le côté de l’avenue Georges Bush qui mène à l’aéroport, passage obligé des délégations internationales.
3. Le ministère géorgien de l’Intérieur, Tbilissi (L.-A. Le Moulec, 2010).
La Géorgie est devenue un eldorado pour les architectes. A condition qu’ils soient les élus du cœur de Micha. Parmi ceux-ci, l’Italien Michele de Lucchi, concepteur de ce fameux ministère transparent, mais aussi du Palais présidentiel ou encore du pont de la Paix, inauguré en avril 2010 à Tbilissi. Dans les échoppes de l’ancienne Tiflis, la critique va bon train sur les projets de l’hyper-président. Le palais a été renommé « couille de Micha », et le pont de verre, « Always ultra » en référence à la fameuse serviette hygiénique.
4. Pont de la Paix, Tbilissi(L.-A. Le Moulec, 2010).
Ces projets architecturaux, symboles de légèreté, de transparence et d’une modernité jeune et ambitieuse sont conduits par des cabinets d’architectes étrangers et construits par des entreprises turques. Pour les Géorgiens ne reste qu’une certaine amertume. L’argent semble être investi dans des projets qui à court terme ne répondent que très peu à leurs attentes immédiates, à savoir l’emploi.
En effet, des projets voient le jour aux quatre coins du pays: station de ski à Mestia, centres de vacances au bord de chaque lac de montagne, nouveau zoo sur les rives de la mer de Tbilissi, nouveau ministère des Affaires étrangères… Et le tout s’il vous plaît… en verre !
- Louis-Antoine LE MOULEC est Journaliste, depuis Tbilissi.
Photographie en vignette : Maquette du nouveau Parlement de Koutaïssi. Source : RFE/RL / Magi Style Company.