Depuis le début des années 1990, les mobilités Est-Ouest ont permis l’émigration de centaines de milliers de ressortissants bulgares vers l’Occident idéalisé, et en particulier en Europe de l’Ouest, où vivent actuellement près de 800 000 expatriés. Ces départs ont affecté le pays d’origine, qui souffre d’une pénurie d’actifs, principalement d’élites intellectuelles, scientifiques, techniques et médicales. Dans les pays d’émigration, plusieurs milliers d’expatriés ont du mal à s’intégrer, souffrant d’une forme de mal du pays et de la distance avec leurs proches, et hésitent à rentrer en Bulgarie.
En réaction, les autorités bulgares cherchent à inciter davantage ces actifs au retour. Au cours de l’été 2025, le gouvernement a fait la promotion d’un nouveau programme encadré par le ministère des Affaires sociales et baptisé « Izbiram Bulgaria » (Je choisis la Bulgarie). Son budget total s’élève à 66,5 millions de leva (près de 34 M€) et est majoritairement financé par des fonds européens. 870 expatriés pourront en profiter en recevant chacun de 5 000 à 10 000 levs (2 557 à 5 114 €) de la part de l’administration. Ces sommes permettront de favoriser leur réinstallation définitive dans le pays, en particulier dans de petites communes qui ont été dépeuplées par l’émigration des dernières décennies. Beaucoup de ces expatriés peuvent acheter facilement des maisons dans les villages ou des appartements des petites villes de ces territoires, car leur prix de vente est habituellement plus abordable qu’ailleurs. Certains des candidats à ce programme seront fixés sur leur sort dès le mois de septembre 2025. Les heureux élus pourront également bénéficier d’aides financières supplémentaires prenant en charge à la fois le loyer, le transport et la formation en langue bulgare.
Pour la vice-ministre du Travail et de la Politique sociale, Natalia Efremova, ce programme-pilote est de nature à aider à « résoudre le problème de la pénurie [de main-d’œuvre] et du déclin démographique en Bulgarie ». Tsveta Panayotova, de l’Institut d'économie de marché, se montre moins enthousiaste sur ce sujet, précisant qu’« un tel programme est peut-être la bonne direction dans une certaine mesure, mais ce n’est pas la bonne solution. Il ne fera pas revenir les jeunes. Il servira simplement à financer ceux qui ont déjà décidé de revenir... dans le meilleur des cas, le programme répondra à moins de 1 % des besoins du marché ».
Sources : BNT, Investor, BNR.