Le président lituanien Gitanas Nausėda a affirmé, lors d’un entretien accordé à la chaîne TV3, avoir reçu l’assurance de ses homologues letton et polonais qu’ils adopteraient la même position que Vilnius concernant l’exportation d’engrais bélarusses via leurs territoires.
Depuis le 1er février 2022, et suivant en cela les sanctions adoptées en décembre 2021 par les États-Unis à l’encontre de Belaruskali, le premier producteur d’engrais potassiques du Bélarus, la Lituanie a suspendu le transit de ces engrais via ses installations portuaires. Le 2 mars 2022, l’Union européenne leur a emboité le pas.
Le contexte a changé depuis que, mi-décembre 2025, Washington a annoncé son intention de lever ces sanctions en échange de la libération par Minsk de plus de 100 prisonniers politiques (ils seraient environ 1 300 encore retenus dans les geôles bélarusses). D’emblée, le ministre lituanien des Affaires étrangères Kęstutis Budrys avait alors précisé qu’une telle décision n’affecterait pas la posture de la Lituanie ou même de l’UE.
Pour le Président lituanien, qui voit le Bélarus comme une « poudrière qui appartient essentiellement à la Fédération de Russie », la posture de Washington est compréhensible mais ne doit pas entraîner un alignement de celle des pays européens : les États-Unis « se trouvent de l'autre côté de l'océan Atlantique et, sans aucun doute, ils ont une stratégie géopolitique un peu différente lorsqu'ils considèrent le monde dans son ensemble, en fin de compte en raison de leur taille. Nous sommes dans cette partie du continent que l'on peut qualifier de chaude, où opèrent des États agressifs. Et apaiser les États agressifs ou s'incliner devant eux signifie qu'ils vous considéreront comme faible, voire vulnérable, et un tel comportement ne ferait probablement qu'alimenter leurs ambitions agressives. C'est pourquoi nous adhérons à la position, et je l'ai dit à maintes reprises - j'aime beaucoup cette idée - qu'une politique fondée sur des valeurs est la politique la plus rentable ».
Gitanas Nausėda n’a pas nié pour autant que le dialogue instauré par Washington avec Minsk depuis quelques mois donnait « certains résultats ». Mais le contexte en Lituanie est en effet tout autre, alors que le pays a subi depuis juin 2025 les incursions non autorisées de 315 ballons-sondes envoyés en toute illégalité par le Bélarus dans l’espace aérien lituanien pour assurer un trafic de cigarettes mais, surtout, pour perturber le trafic aérien, bloquant à maintes reprises les aéroports de Kaunas et de Vilnius.
A priori, l’UE devrait renouveler ses sanctions à l’encontre du Bélarus dans les semaines qui viennent.
Sources : The Baltic Times, lrt.lt