Le 10 octobre 2025, à l’occasion du Dialogue national pour le climat à Bichkek, le vice-président du Cabinet des ministres, Edil Baissalov, a annoncé que son pays pourrait revoir ses engagements environnementaux, tout en soulignant l’impact désastreux des changements climatiques pour le pays.
La semaine précédente, le ministre de l’Énergie Taalaibek Ibraev avait averti que l’hiver serait rude et que l’eau du réservoir Toktogul était à son niveau le plus bas depuis 2008 : il a atteint son niveau maximal pour la dernière fois en 2017 et a connu depuis une tendance descendante, d’autant plus problématique qu’il alimente plusieurs centrales hydroélectriques, générant 97 % de l’hydroélectricité du Kirghizistan.
Des mesures régulatoires pour éviter les coupures de courant ont d’ores et déjà été mises en place, se traduisant notamment par des restrictions pour les utilisateurs majeurs dépassant la consommation prévue par leur contrat, ainsi que par une augmentation des factures de 10 à 15 % par an jusqu’en 2030.
Le pays a aussi augmenté ses importations d’électricité du Kazakhstan, d’Ouzbékistan et du Turkménistan, pays encore largement imbriqués dans le même système énergétique. Une augmentation des capacités de génération est prévue, visant à « sortir de cette crise d’ici 2028 », selon T. Ibraiev. Plus d’une quinzaine de petites centrales hydroélectriques devraient entrer en opération cette année, en complément des réparations de la centrale à charbon de Bichkek. Les gouvernements kazakhstanais, kirghiz et ouzbek ont annoncé l’accélération des travaux de la centrale hydroélectrique de Kambar-Ata.
En outre, E. Baissalov s’est adressé aux pays voisins : « Cette année, nous étions supposés surmonter le manque d’eau, mais à la place, les problèmes se sont intensifiés. Certains de nos voisins nous en tiennent rigueur, mais c’est visible – il y a moins d’eau, et cela cause des pertes directes immenses. […] J’aimerais m’adresser à certains de nos voisins qui allouent un montant dérisoire au maintien de nos infrastructures hydrologiques. […] Nous dépensons des milliards de soms pour préserver l’eau, non seulement pour nous mais aussi pour les pays en aval. Nous devons unir nos efforts au sein du pays, de la région et mondialement ».
En outre, la numérisation du pays, priorité du gouvernement, augmente les besoins en énergie. Lors de la même prise de parole, E. Baissalov a indiqué revoir les objectifs climatiques du pays à la baisse : « Notre peuple a le droit au développement, spécialement parce que nous sommes parmi les champions de la réduction des émissions depuis les années 1990. […] Nous nous réservons le droit de revoir ces objectifs à la baisse, spécialement si les principaux pays du monde ne prennent pas leurs responsabilités partagées et proportionnelles pour réduire les émissions. »
Sources : 24.kg, Eurasianet, Parus kg.