Russie : la hausse des exportations de gaz de pétrole liquéfié vers l’Europe se fait au détriment de l’Ukraine

Par Céline Bayou (sources : Delovoï Peterbourg, sibur.ru, Reuters)

Sous l’effet de la hausse de la demande et des prix, la Russie ne cesse d’accroître ses exportations de gaz de pétrole liquéfié (GPL) à destination de l’Europe. En 2017, la Russie devrait produire au total 16,6 millions de tonnes (Mt) de GPL, dont plus de 6 Mt sont exportés. Depuis le 1er octobre, la Russie a même supprimé les droits de douane sur les exportations de GPL à destination de l’Europe.

57% des volumes acheminés le sont par voie ferroviaire, le reste par bateau. Et le port le plus adapté à ces opérations semble bien être celui d’Oust-Louga, situé sur la Baltique à l’ouest de Saint-Pétersbourg. En 2016, il a traité plus de 30% des volumes de GPL exportés par la Russie.

De janvier à août 2017, le port a chargé 1,3 million de tonnes de GPL, soit 17% de plus que sur la même période de l’année précédente. Pendant ce temps, le deuxième port russe d’exportation de GPL, situé sur la mer Noire, est en perte de vitesse: Taman n’a chargé que 366.600 tonnes de gaz de pétrole liquéfié sur les 8 premiers mois de 2017, une chute de 23% par rapport à 2016.

Ouvert en 2013 par le principal producteur russe de GPL, la société SIBOUR, le terminal d’Oust-Louga était initialement doté d’une capacité de 1,5 Mt par an. En 2016, après quelques travaux, elle est passée à 2,5 Mt.

Le succès du port d’Oust-Louga est en partie lié à l’ostracisation de la voie ukrainienne: depuis le 1er mai 2017, le gouvernement russe a en effet pris la décision de réduire les volumes de GPL transitant par l’Ukraine qui, en 2016, comptait encore pour 33% des ventes russes de gaz de pétrole liquéfié à l’étranger. L’Ukraine recevait alors 0,8 Mt pour ses propres besoins et voyait transiter par son territoire 1,14 Mt de pétrole liquéfié. En 2017, les ventes russes ont chuté de moitié.

Pour compenser, les exportateurs russes se sont immédiatement tournés vers la Biélorussie, la Pologne et la Lettonie. Les consommateurs ukrainiens, eux, continuent de bénéficier du GPL russe mais via des intermédiaires et à des prix plus élevés. Rapidement, Oust-Louga s’est imposé comme solution naturelle à ces réorientations.