Lettonie : le parti de la Concorde dénonce son accord avec Russie unie et fait réagir le Parti du centre estonien

Par Céline Bayou (Sources : LSM.lv, The Baltic review, ERR.ee, Postimees.ee, )

Lors d’une interview accordée lundi matin à la chaîne LTV (programme Rīta Panorāma, le maire de Riga et leader du parti russophone de la Concorde Nils Ušakovs a annoncé l’annulation de l’accord signé par sa formation avec le parti pro-Kremlin Russie unie.

Le maire de Riga a justifié ce changement par le fait que, depuis 2015, sa formation est liée au Parti socialiste européen qui, par tradition, gère les relations avec les partis tiers de manière centralisée. D’où la nécessité d’informer Russie unie de cette «nouvelle» donne qui fait perdre tout effet à son accord bilatéral.

Signé en octobre 2009 à Saint-Pétersbourg, cet accord n’était, selon N.Ušakovs, qu’un instrument permettant de faciliter les relations, par exemple, entre la municipalité de Riga et des régions russes ou leurs autorités locales. «Mais, avec le temps, la situation a été modifiée et, quand les sanctions ont été introduites à l’encontre de la Russie, l’accord a perdu sa signification.» Pour autant, le maire de Riga prône le maintien d’un dialogue avec la Russie, afin de mener une coopération pragmatique, certes moins prioritaire que celle avec des pays comme la Suède ou l’Allemagne, mais qui reste importante pour la Lettonie comme pour l’Union européenne dans son ensemble.

Cet accord avec le parti de Vladimir Poutine a été invoqué à plusieurs reprises pour écarter la formation de centre-gauche de toute coopération avec d’autres formations, voire de toute coalition gouvernementale. Or, des élections législatives se dérouleront en Lettonie dans un an précisément.

En Estonie, le Parti du centre a signé un accord similaire avec Russie unie dès 2004. Lorsqu’il a accédé au pouvoir à l’automne 2016, le parti estonien a d’emblée déclaré qu’il ne dénoncerait pas cet accord de toute façon gelé de fait, afin de ne pas déstabiliser la formation et dans l’espoir de pouvoir l’activer ultérieurement, «lorsque les relations avec la Russie seront meilleures». On estime aussi que cet accord vise à attirer les électeurs russophones d’Estonie.

Le Premier ministre estonien Jüri Ratas, leader du Parti du centre, n’a donc pas manqué de réagir à l’annonce de N.Ušakovs: son parti ne voit pas de raison de dénoncer l’accord passé avec Russie unie… puisqu’il est inactif depuis plus de dix ans.