Après l’attaque azerbaïdjanaise qui a mené, en septembre 2023, à la reprise du contrôle du Haut-Karabagh par les autorités de Bakou, plus de 100 000 personnes ont dû quitter précipitamment la région et ont trouvé refuge en Arménie où elles ont été installées dans des logements de fortune et des camps de réfugiés. Depuis, la plupart des enfants ont été scolarisés, la majorité des retraités touchent une retraite et, fin décembre, 10 000 personnes, soit un tiers environ des personnes en âge de travailler, avaient trouvé un emploi. Ceux qui ne possédaient pas de logement en Arménie se sont vu attribuer une aide d’urgence provisoire de 50 000 drams (soit 125 $) par mois pour payer leur loyer et les factures pour les services publics. Programme d’urgence qui s’achève.
Sachant que la perspective de voir ces personnes déplacées rentrer au Haut-Karabagh semble peu réaliste, le gouvernement arménien a décidé de lancer un vaste programme de logement, ciblant prioritairement des zones rurales. Pour le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, ces logements devront être accessibles à tous les Arméniens et ceux parmi les personnes déplacées qui voudront y accéder devront impérativement obtenir la citoyenneté arménienne. Le programme devrait s’étaler sur cinq ans. La première étape donnera la priorité aux familles ayant au minimum trois enfants mineurs.
A peine adopté, le programme est déjà critiqué par les personnes déplacées de force, qui le jugent inadapté. Notamment parce que le soutien financier promis par les autorités ne leur permet pas de s’installer ailleurs que dans des villages reculés où les perspectives d’emploi sont particulièrement sombres. L’annonce du gouvernement faisant état d’une liste de villes et villages où les réfugiés pourraient acquérir un logement après dix ans de résidence et avec l’aide des autorités semble irréaliste en raison des faibles perspectives économiques des zones élues et de la hausse du prix de l’immobilier enregistrée depuis l’automne et cet afflux de réfugiés.
Certains craignent que ce programme, en créant la déception, favorise finalement l’émigration. Ils reprochent au Premier ministre de n’avoir pas souhaité discuter en amont avec les représentants des Arméniens du Karabagh. Ces derniers se heurtent en outre à des difficultés pour trouver des emplois, parce qu’ils ne peuvent attester ni de leur citoyenneté arménienne ni d’un lieu de résidence permanent dans le pays.
Sources : Aravot.am, ArmenPress.