Balkans : l’affaire Aleksić et la libération de la parole des femmes victimes de viol

Le 11 janvier 2021, les autorités serbes ont déclaré qu’elles avaient interpellé le professeur d’art dramatique sexagénaire Miroslav Mika Aleksić dans le cadre d’une enquête pour viol et harcèlement sexuel commis parfois à plusieurs reprises sur six de ses élèves entre 2008 et 2020. Circonstance aggravante, deux d’entre elles au moins étaient mineures au moment des faits. Ce sont les actrices Milena Radulović (âgée de 25 ans) et Iva Ilinčić (24 ans) qui ont dénoncé le professeur, se disant prêtes à un face à face avec M. Aleksić (69 ans) pour témoigner à la barre du tribunal. La police cherche à identifier d’autres victimes de M. Aleksić . Le 20 janvier, ce dernier a été placé en détention pour 30 jours. Il encourt jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.

Cette affaire survient après l’émergence du mouvement #MeToo qui, malgré son influence internationale, n’avait eu jusque-là aucun impact significatif en Serbie. Ces révélations ont enflammé la toile et entraîné la création de groupes sur les réseaux sociaux dédiés à la dénonciation de ces crimes et délits sexuels : parmi les plus fréquentés on trouve #nisisama (tu n’es pas seule) et Nisam tražila (je n'ai pas demandé). Ces révélations ont été commentées par la plupart des médias serbes, bosniens et croates, qui s’interrogent sur l’impact de ces témoignages et de la libération de la parole des femmes victimes de viol et de harcèlement sexuel dans les Balkans.

Le célèbre directeur de théâtre bosnien Haris Pašović, pointant la responsabilité d’« une matrice patriarcale vieille de plusieurs siècles », a déclaré à la revue Slobodna Bosna qu’avec leur courage, ces deux jeunes femmes ont « bouleversé les Balkans ». H. Pašović, souhaitant tirer les enseignements de cette affaire survenue en Serbie, a exhorté la direction de l’université de Sarajevo à prendre des mesures pour protéger les élèves de ce type de pratique.

Sources : Tanjug, Pink, Slobodna Bosna.