À la suite des élections législatives de 2018, le SDP (Parti social-démocrate, membre du Parti Socialiste européen), un des quatre grands partis bosniens, s’est fracturé. Un groupe d’anciens membres, emmenés par Enver Bijedic, avait alors fait défection avant de fonder une nouvelle formation, Les sociaux-démocrates de Bosnie-Herzégovine, désignée sous les initiales SDBiH. E. Bijedic a été élu à sa tête.
Ce parti est devenu populaire dans le canton de Tuzla (le district le plus peuplé de la Fédération croato-musulmane, devant Sarajevo), tant et si bien qu’à la suite des élections locales du 15 novembre 2020, il a obtenu plus de 20 000 voix et remporté la mairie de Lukavac (46 700 hab.). À Kladanj (13 000 hab.), la formation n’a vu la victoire lui échapper que d’à peine 120 voix d’écart. Dans ce canton, l’électorat traditionnel du SDP (fort de près de 50 000 électeurs) s’est scindé en deux camps, l’un toujours fidèle au SDP (27 000 votes), l’autre soutenant le SDBiH.
Le SDP, qui avait remporté cinq grandes mairies dans ce canton lors des élections locales de 2016 n’en a cette fois remporté que trois (Jasmin Imamović élu à Tuzla, Nusret Helić à Gračanica et Edis Dervišagić à Gradačac). Le parti a émis un communiqué déclarant qu’il reste « de loin le plus fort parti de gauche et la meilleure alternative » à l’actuelle gouvernance cantonale.
Le SDA (parti de l’action démocratique) s’est maintenu à Tuzla, tandis que le parti NiP (Peuple et Justice) d’Elmedin Konaković n’a pas reçu suffisamment de suffrages pour remporter une seule grande mairie ; dans la ville, il est même passé de 9 000 (2016) à 3 000 électeurs (2020).
À l’échelle de la Fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine, le SDP et le NiP ne conservent véritablement leur assise électorale que dans le canton de Sarajevo, et la vieille garde semble menacée. À Velika Kladuša (canton d'Una-Sana), le maire sortant Fikret Abdić a conservé son siège de justesse face à Jasmin Hušić (candidat indépendant). Pour rappel, l’intéressé a été arrêté et condamné à 20 ans d’emprisonnement par la justice croate pour des crimes de guerre commis dans la région de Bihac en 1993. Il a été libéré en 2012.
Sources : Slobodna Bosna, Tuzla Info, portail du SDP, Balkan Insight.