Par Stéphan Altasserre (sources : Slobodna Bosna, Srbija Danas, Informer RS)
En 2007, les Balkans apparaissant comme une région plus apaisée, l’armée américaine a restitué à l’État central de Bosnie-Herzégovine la base militaire de Tuzla, qui abritait depuis 1995 un contingent expéditionnaire du 401e régiment américain aéroporté. Cependant, depuis deux ans, les déclarations provocatrices de Milorad Dodik, président de la République serbe de Bosnie (RS), en donnant le sentiment qu’une partition de la Bosnie-Herzégovine (BiH) n’était pas exclue, ont obligé les États-Unis à réexaminer leur désengagement militaire de ce pays; d’autant que la BiH aspire à intégrer l’OTAN.
Ainsi, au début de décembre 2017, Washington a déclaré souhaiter réinstaller prochainement une petite base américaine à Brčko en accord avec les autorités fédérales. Cette décision est un message adressé à Banja Luka (RS).
Or ce district, qui n’appartient plus désormais à l’une ou à l’autre des deux grandes entités qui composent la Bosnie-Herzégovine (Fédération de Bosnie-Herzégovine/FBiH et RS), a une importance stratégique de premier ordre en tant que premier port bosnien. Depuis qu’il a été retiré à la RS en 1999, il sépare cette entité en deux parties distinctes. Dans ce contexte, du point de vue des nationalistes bosno-serbes et serbes, proches de Moscou, ce projet est apparu comme une provocation qu’ils dénoncent comme une «occupation militaire» des territoires serbes. Le 5 décembre, M.Dodik a rappelé que ce district bosnien était une «copropriété» partagée entre la FBiH et la RS.
Vladimir Poutine, craignant que les États-Unis poursuivent «l’encerclement» de la Russie, a à son tour réagi à ce projet, le 8 décembre. Se positionnant comme le protecteur de la nation serbe, il a proposé de construire trois bases militaires russes (une près de Banja Luka, la capitale de la RS, les deux autres à Sokolac et à Trebinje) et d’y déployer des missiles ayant la capacité de frapper l’ensemble des territoires du vieux continent. Ce rehaussement du niveau de tension dans les Balkans montre que la région demeure un lieu privilégié pour la poursuite de la partie d’échecs américano-russe sur la scène internationale.