Les réfugiés ukrainiens accueillis en Bulgarie depuis le début de la guerre ont été majoritairement hébergés dans les structures hôtelières balnéaires (souvent luxueuses) situées le long de la mer Noire (notamment aux Sables d’or), disponibles durant la saison basse. Ces établissements hôteliers étaient alors dédommagés à hauteur de 40 levs (soit environ 20 euros) par personne hébergée et par jour.
La haute saison approchant, le gouvernement a mis fin à ce dispositif temporaire d'accueil le 31 mai. Le nouveau programme humanitaire de l'État bulgare a réduit à 25 euros le dédommagement des établissements et ne couvre plus les services supplémentaires tels que le nettoyage des chambres et la lessive. Ainsi, ce programme n’est plus financièrement intéressant pour les hôteliers.
La vice-Première ministre Kalina Konstantinova a annoncé que les personnes temporairement déplacées d’Ukraine seraient désormais principalement hébergées dans des zones tampons situées à Elhovo (district de Yambol) et Sarafovo (district de Bourgas). Le vice-gouverneur du district de Bourgas, Plamen Yanev, concède cependant que les conditions d’hébergement y sont plus « basiques ».
Les premiers transferts ont été toutefois organisés le 30 mai en direction de la station de vacances de Panichishte, dans les massifs montagneux du Rila. Or, le site est isolé (la ville la plus proche est à 10 kilomètres et les commerces sont rares (absence, notamment, de pharmacie). Les réfugiés ukrainiens ont en outre souligné le fait que les hébergements proposés ne seraient pas suffisamment équipés. De son côté, la direction de la station de vacances a assuré avoir fourni tout le nécessaire aux nouveaux hébergés.
La présidente de l'Association des organisations ukrainiennes en Bulgarie Olena Koleva a fait avoir que nombre de personnes déplacées préféreraient retourner en Ukraine plutôt que d’être envoyées à Elhovo ou Sarafovo et que, comparativement, la Roumanie s’était montrée plus accueillante que sa voisine. « Ce ne sont pas des hommes des cavernes », s’est-elle exclamée en parlant de ses compatriotes, mais des gens « très évolués » qui, avant l’agression russe contre leur pays, « avaient un meilleur niveau de vie que la classe moyenne en Bulgarie ». K. Konstantinova a depuis présenté ses excuses aux Ukrainiens qui se sont sentis offensés par cette gestion de l’accueil des réfugiés.
Malgré ces difficultés et ces tensions, des observateurs remarquent que la Bulgarie s’est mieux organisée pour répondre à l’accueil des personnes temporairement déplacées en provenance d’Ukraine qu’elle ne l’avait fait pour la vague de réfugiés syriens entre 2014 et 2015. Fin mai, près de 100 000 Ukrainiens avaient choisi de rester en Bulgarie en attendant la fin du conflit.
Sources : Svobodna Evropa, BNT, DW, Dnevnik.