Bulgarie : Trud, média diffusant la rhétorique homophobe russe

Le quotidien Trud (Zname na Truda avant 1946), média socio-politique fondé par les communistes bulgares le 1er mars 1936, a connu ses heures de gloire sous le régime socialiste en tant que journal du Parti. Tout comme le Parti socialiste bulgare qui regroupe d’ancien membre du Parti communiste, il a gardé une tradition russophile après 1989. Lu par des dizaines de milliers de Bulgares, il est particulièrement sensible à la propagande russe.

Le tabloïd a ainsi publié en septembre 2019 un article intitulé « Les pédérastes, aux États-Unis on tire la sonnette d'alarme », traduction textuelle d’un article du média russe RIA Katyusha qui se définit lui-même comme « média russe patriotique ». Reprenant la propagande du Kremlin, l’article décrivait l'homosexualité comme une maladie et les homosexuels comme des personnes dangereuses. L'article de RIA Katyusha demandait à ce que les homosexuels soient privés de leur liberté d'expression parce qu'ils « corrompent nos enfants en toute impunité sur Internet ».

La Commission pour la protection contre la discrimination (CPC) avait alors été saisie par des associations œuvrant contre l’homophobie, notamment au titre de l’utilisation de termes dégradants contribuant à propager des préjugés inacceptables et incitant à la haine. La CPC, qui considère que la rédaction du journal et l’éditeur auraient dû retirer ce contenu de leur site, a imposé des mesures administratives coercitives à Trud, dont la mise en œuvre de mécanismes d'autocontrôle et de règles permettant de lutter contre les discriminations.

Trud et son éditeur, Petyo Blashkov, ont toutefois fait appel de cette décision auprès du tribunal administratif de Sofia, en se référant à la liberté d’expression.

La juge Tsvetanka Paunova, partageant les conclusions de la CPC, les a déboutés de leur demande ce 9 juillet en indiquant que Trud, en distribuant des contenus russes, avait diffusé une propagande discriminatoire à la population bulgare et ainsi contribué à harceler une partie de la population.

Sources : Svobodna Evropa, Mediapool.