Kazakhstan : Buzz l’Éclair banni des écrans de cinéma pour un baiser lesbien

Le Kazakhstan vient de rejoindre la liste de la quinzaine de pays dans le monde qui ont interdit ou empêché la diffusion sur leurs écrans de cinéma du dernier opus du film d’animation Buzz l’Éclair. La célèbre saga Toy Story, destinée aux enfants et qui a contribué à la renommée des studios Pixar, met en scène dans son dernier film un très bref baiser entre deux femmes qui a choqué les autorités de surveillance de certains pays. Il avait provoqué le débat également aux États-Unis, où la scène avait été initialement coupée par la filiale de Disney, avant que des employés de Pixar et Disney s’insurgent et réclament son rétablissement.

Le ministre kazakhstanais de la Culture Daouren Abaïev s’est exprimé à deux reprises, les 14 et 15 juillet, à ce sujet sur sa page Facebook, précisant que sa décision d’empêcher la distribution du film dans le pays n’équivalait pas à une interdiction de sa projection (« La censure est interdite dans notre pays », a-t-il précisé). Le ministre se réfère à une pétition en ligne, signée par 35 000 personnes (39 000 depuis), et demandant l’interdiction du film : il est de son devoir, précise-t-il, de tenir compte de l’opinion publique. Il est vrai que, depuis les troubles de janvier 2022, le président Tokaïev et son gouvernement se disent « à l’écoute » de leurs concitoyens.

Le ministre précise en outre que le problème de ce film n’est pas tant la fugace scène du baiser que la suggestion d’une « norme de vie » incluant « l’amour entre personnes du même sexe, avec des liens familiaux et une progéniture ».

Dans le pays, cette interdiction de fait a provoqué des commentaires acerbes, comme ceux de la journaliste Assem Zhapisheva qui a twitté une capture d’écran du film avec deux femmes se souriant l’une à l’autre alors que l’une tient leur enfant dans ses bras : « Dégoûtant. Une famille heureuse. Comment pouvons-nous montrer cela à nos enfants ? », commente la journaliste avec sarcasme. Il est connu que le taux de suicide chez les adolescents au Kazakhstan est l’un des plus élevés au monde.

L’homosexualité a été décriminalisée au Kazakhstan dans les années 1990 mais le Parlement européen a souligné en 2021 que la communauté LGBT y restait discriminée.

Il est intéressant de noter que le film d’animation est diffusé dans les cinémas au Tadjikistan. Il ne le sera probablement pas au Kirghizstan, puisque les films y sortent par l’intermédiaire de distributeurs kazakhs. Quant à l’Ouzbékistan, il est traditionnellement peu tourné vers les productions américaines en matière de cinéma d’animation.

Sources : Compte Twitter d’Assem Zhapisheva, Eurasianet.org, RFE/RL, alash online, page Facebook du ministre kazakhstanais de la Culture.