En juin 2017, à Assenovgrad, des membres de la communauté rom originaires du hameau de Loznica avaient caillassé et attaqué des enfants et l’entraîneur du club d’aviron local à l’aide de barres métalliques et de gourdins. Bien que neufs suspects aient été rapidement arrêtés par les services de police, une manifestation dirigée contre la communauté rom avait été organisée peu après par des militants des mouvances de l’extrême et de l’ultradroite bulgare, rassemblant près de 5.000 personnes. À cette occasion, Petar Nizamov, alias «Perata» (La plûme), avait violemment frappé un journaliste-caméraman de la chaine BTV, lui occasionnant des blessures superficielles. L’agresseur s’était déjà fait connaître en 2016 pour avoir réalisé des «patrouilles civiles» dirigées contre des migrants tentant de traverser la Bulgarie pour gagner l’Europe occidentale. Il avait été interpellé pour avoir détenu illégalement des migrants afghans à la frontière bulgaro-turque avant d’être finalement acquitté par manque de preuves. Du fait de la médiatisation de ces actions, il est devenu une figure emblématique de la mouvance ultradroite bulgare.
Coïncidence troublante, le jour anniversaire des événements d’Assenovgrad, le 26 juin 2018, P.Nizamov a été blessé par balle à Bourgas, 2e ville portuaire de Bulgarie. Huit coups de feu auraient été tirés. L’intéressé, blessé aux jambes, a été hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger. Ce genre d’affaires n’est pas rare en Bulgarie, théâtre de nombreux règlements de compte depuis le début de la transition postsocialiste. La résolution des litiges par la violence s’est banalisée et le citoyen bulgare est habitué à suivre ces faits divers dans la presse dite jaune.
Un journaliste de la revue d’investigation Bivolj, Stoyan Tonchev, a publié des photos des blessures du militant de la mouvance ultradroite. Proche de la victime, le journaliste estime que cette agression ne serait pas liée aux anciennes activités de l’intéressé, mais à une enquête de Bivolj consacrée au maire de Pomorié, Ivan Alexiev, et à laquelle P.Nizamov participait. Le dirigeant de la commune a en effet récemment lancé une procédure devant le tribunal d’instance de Pomorié afin de récupérer 10.000 m2 de terrain sur une plage célèbre de la commune accueillant depuis 1932 un sanatorium militaire. Selon lui, ce domaine n’est pas la propriété de l’État mais celle de la municipalité. Les journalistes de Bivolj cherchent à savoir quels sont les projets du maire pour ce terrain et quels sont les enjeux de cette affaire suivie avec attention par les médias nationaux.