Le 28 juin 2018, en marge du Conseil européen, la Présidente lituanienne Dalia Grybauskaitė, les Premiers ministres estonien Jüri Ratas, letton Māris Kučinskis et polonais Mateusz Morawiecki ont signé avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker une feuille de route politique concernant la synchronisation des réseaux électriques baltes avec le réseau européen continental. Cette signature fait suite à près de dix ans de discussions concernant cette synchronisation qui va de pair avec la désynchronisation du système électrique ex-soviétique BRELL (Biélorussie, Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie).
Les quatre pays étaient pressés depuis quelques mois par l’Union européenne qui avançait la perspective, si la deadline était respectée, d’un soutien financier communautaire à ce projet, évalué à 560 millions d’euros. Or, les pays de la région ont déjà perdu ce soutien sur d’autres projets énergétiques, en particulier sur celui concernant l’installation d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) commun en Baltique. Les concurrences entre les pays (Pologne, Lituanie, Finlande et Estonie en particulier) s’étaient révélées tellement fortes qu’ils avaient été incapables de s’accorder dans le délai imparti.
La feuille de route qui a été signée le 28 juin prévoit notamment l’utilisation par l’Estonie et la Lettonie du câble électrique entré en service en 2016 entre la Lituanie et la Pologne (LitPol Link). L’Estonie aurait souhaité un doublement de ce câble pour assurer la sécurité de la demande balte en électricité mais ce projet s’est heurté à un refus ferme de la Pologne. Tallinn a fait contre mauvaise fortune bon cœur et a rejoint le projet alternatif proposé, qui consistera en l’installation d’un câble sous-marin entre Lituanie et Pologne contournant l’enclave russe de Kaliningrad.
La désynchronisation balte du système BRELL devrait pouvoir intervenir d’ici 2025.
Quelques jours avant la signature de la feuille de route, Taavi Veskimagi, le président du gestionnaire de réseau estonien Elering, a noté qu’il convenait d’autant plus de s’accorder urgemment sur une synchronisation au réseau européen continental que l’entrée en service, prévue pour la fin 2018, d’un terminal de GNL à Kaliningrad, allait rendre caduque l’utilisation du gazoduc qui relie la Russie continentale à l’enclave via la Lituanie, réduisant d’autant l’interdépendance énergétique russo-balte.