D #24 : Edito

Alors qu'enfin les deux Grands mettaient un terme à des décennies de confrontation bipolaire, de nouvelles tensions sont apparues sur le sol européen.

Conflits frontaliers, revendications ethniques, religieuses, l'Europe de l'Est sortait de son carcan idéologique et dictatorial, libérant localement des pulsions identitaires et nationalistes. La redéfinition de l'Europe post-guerre froide a engendré une démocratisation des pays d'Europe centrale et orientale et leur intégration progressive à l'économie occidentale. Mais, dans le même temps, le continent a connu les premières guerres sur son sol depuis 1945. Comme au Caucase, les Balkans se sont embrasés et demeurent la principale source d'inquiétudes, malgré le départ de Slobodan Milosevic, remplacé à la tête de l'Etat yougoslave par Vojislav Kostunica.

Ces crises balkaniques ont offert à l'Otan le prétexte d'une deuxième jeunesse : le devoir d'ingérence humanitaire. Les conflits locaux de basse intensité, favorisés par la prolifération des armes légères et de petits calibres, constituent aujourd'hui un risque que l'Union européenne veut pouvoir affronter, en assumant la responsabilité de sa propre défense par des actions autonomes.

La nouvelle configuration européenne de sécurité doit également composer avec une Russie insatisfaite par l'actuelle donne géostratégique. Moscou accepte mal de voir son statut de grande puissance se réduire comme une peau de chagrin et dénonce ce qu'elle perçoit comme son exclusion des processus décisionnels, au sein de structures vers lesquelles, de surcroît, se pressent l'écrasante majorité des ex-satellites et républiques soviétiques. Le partenariat Russie/UE, dont le sixième Sommet du 30 octobre dernier a été qualifié de succès, peut, à cet égard, constituer le meilleur instrument de l'intégration russe à l'Europe.

Les " nouvelles menaces ", auxquelles les Européens doivent faire face sans pouvoir en fixer réellement les contours, exigent assurément une coopération inter-étatique optimale, de l'Atlantique à l'Oural. Ces menaces " non militaires " recouvrent essentiellement trois domaines : le terrorisme, la criminalité organisée et la drogue. Il n'est pas rare que les trois soient étroitement liés dans les zones de tensions. Au delà de ces risques touchant directement aux intérêts des Etats, la protection de l'environnement, via la sûreté nucléaire ou la dépollution des eaux, représente également un enjeu majeur pour la sécurité européenne.

Loin de prétendre à l'exhaustivité, le dossier de ce nouveau numéro de Regard sur l'Est vous propose un panel de quelques menaces, réelles ou supposées, qui agitent la nouvelle Europe.

 

Vignette : hélicoptère militaire (photo libre de droits, attribution non requise)