Alors que trois MiG-31 russes ont violé l’espace aérien estonien le 19 septembre au matin au-dessus de l’île de Vaindloo (golfe de Finlande) durant 12 longues minutes, le Premier ministre estonien Kristen Michal (parti de la Réforme) a appelé à la tempérance, rappelant qu’avant d’abattre des aéronefs en situation de violation de l’espace aérien, il existait des paramètres précis, conduisant à une réponse proportionnée.
En l’occurrence, le chef du gouvernement a expliqué, lors d’une interview le 19 septembre au soir sur la télévision nationale, que l’Estonie avait fait le choix d’invoquer l’article IV du Traité de l’Atlantique Nord, appelant à des consultations politiques entre alliés. Le Premier ministre a souligné l’efficacité de la Police de l’air (Baltic Air Policy) assurée par l’OTAN depuis 2004 au profit des trois pays baltes : les F-35 de l’armée de l’air italienne déployés sur la base d’Ämari dans ce cadre ont été immédiatement mis en alerte et ont escorté les MiG russes jusqu’à leur sortie de l’espace aérien estonien. L’opération Eastern Sentry, tout juste mise en œuvre par l’Alliance en Pologne et dans les États baltes (à la suite de l’incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais il y a moins de huit jours), a également été initiée.
Il n’en reste pas moins, a souligné K. Michal, que les actions agressives et provocatrices de la Russie doivent être prises au sérieux : pour lui, Moscou cherche clairement, par la multiplication de ces provocations, à susciter l’escalade. Dès lors, le Premier ministre a interrogé le devenir de la mission de Police du ciel de l’OTAN : des discussions devraient être engagées avec SACEUR la semaine prochaine afin d’évaluer, par exemple, si les aéronefs de l’OTAN qui ont « intercepté » le 19 septembre les avions de chasse russes pourraient être demain autorisés à les abattre en cas de nouvelle incursion.
Depuis 2014, l’espace aérien estonien a été violé plus de quarante fois, généralement à proximité de l’île de Vaindloo qui permet une connexion plus rapide entre Saint-Pétersbourg et Kaliningrad. Mais, cette fois, les MiG russes ont été particulièrement lents à quitter l’espace aérien, même « accompagnés » par les F-35. Le chargé d’affaires de l’ambassade russe à Tallinn a immédiatement été convoqué au ministère estonien des Affaires étrangères.
Sources : ERR.ee, Postimees, Estonian World.