Estonie : scandale après les déclarations homophobes du ministre de l’Intérieur

La Présidente estonienne, Kersti Kaljulaid, est montée au créneau pour condamner avec fermeté les déclarations du ministre de l’Intérieur Mart Helme (membre du parti d’extrême-droite EKRE, coalition gouvernementale), estimant que ce ministre ne convenait pas au gouvernement. « Je ne comprends pas l’hostilité ouverte du ministre de l’Intérieur envers notre société. Nous parlons de notre peuple – nos policiers et nos enseignants, nos artistes et nos bâtisseurs, nos voisins et collègues, nos amis. Les étrangers aussi, mais toujours notre peuple. Les diviser et classer comme corrects ou incorrects, nous et eux, sur la base de l’orientation sexuelle, de la couleur de peau ou de toute autre caractéristique est inacceptable, contraire à l’esprit de notre Constitution et, humainement, simplement révoltant », a-t-elle écrit sur sa page Facebook, estimant que « le peuple estonien mérite mieux ».

La colère de K. Kaljulaid résulte de la diffusion, le 16 octobre, de l’interview accordée par le ministre à la Deutsche Welle, en russe. Interrogé sur le projet soutenu par EKRE d’organiser en 2021 un référendum sur le mariage (vu comme l’union d’un homme et d’une femme par le parti), M. Helme a jugé que les homosexuels feraient mieux de partir en Suède et a reconnu porter un regard hostile sur l’homosexualité. « De nos jours, cela s’appelle homophobie », lui a répondu le journaliste : ce qu’a contré le ministre, qui estime que les homosexuels se livrent à une propagande hétérophobes (« Ce sont eux qui viennent dans nos lits, pas le contraire », a-t-il répondu au journaliste qui lui demandait s’il était correct de se mêler de ce que font les gens dans leur intimité).

Le 17 octobre, la Présidente a tenu à s’entretenir avec le Premier ministre afin de lui faire part de son indignation : Jüri Ratas (Parti du centre) a rappelé que les valeurs de son parti se conformaient à celles de la Constitution, qui affirme l’égalité des citoyens devant la loi et rejette les discriminations.

De son côté, la chef de file du Parti de la Réforme (opposition) Kaja Kallas a estimé que les déclarations de M. Helme nuisaient à la réputation de l’Estonie et qu’en faisant entrer EKRE dans la coalition gouvernementale, le Parti du centre avait de fait adopté les valeurs du parti d’extrême-droite.

Le ministre des Finances Martin Helme (EKRE, fils de Mart Helme) a maladroitement tenté d’affirmer que la traduction des propos de son père avait induit en erreur, par mauvaise connaissance linguistique ou par malice. Les propos de M. Helme en russe laissent pourtant peu de place au doute.

Sources : Deutsche Welle, Postimees, ERR.ee.